Le mardi 10 septembre, un tribunal de Bakou a imposé une peine de trois ans d’emprisonnement à l’artiste de street art Théo Clerc, 38 ans, pour un graffiti qu’il a fait le 30 mars dans le métro de la capitale azerbaïdjanaise. Deux autres artistes de street art qui l’accompagnaient, un Néo-Zélandais et un Australien, ont reçu des amendes mineures pour les mêmes actes. “Il n’y a pas de distinction entre les trois incidents mis à part la nationalité”, a souligné Elchin Sadigov, leur avocat azerbaïdjanais.
Les trois hommes ont tous payé une amende de 3 500 euros pour couvrir les coûts de l’effacement de leurs graffitis. Seul le Français a été emprisonné immédiatement pour trois mois, alors que ses deux collègues se voyaient interdire de quitter le territoire azerbaïdjanais en attendant le procès. « L’article du code pénal selon lequel M. Clerc a été condamné n’inclut pas de peine d’emprisonnement. Le jugement est simplement illégal », a déclaré une source proche de l’affaire au Monde.
Les trois artistes, qui sont amis depuis longtemps, étaient arrivés en Azerbaïdjan le 25 mars dans le but de faire une tournée internationale, une pratique courante dans le monde du street art. Ils ont fait un graffiti sur trois wagons distincts. Le Monde a pu voir les photos de ces œuvres qui se composent de lettres stylisées et qui ne contiennent aucun message politique. “Mes clients ont été arrêtés le 31 mars par la police à l’aéroport de Bakou alors qu’ils étaient sur le point de quitter le pays. Ils ont été giflés lors du premier interrogatoire, mais n’ont pas subi d’autres violences par la suite”, a déclaré M. Sadigov, l’un des rares avocats en Azerbaïdjan à défendre les personnes accusées de motifs politiques.
Le Quai d’Orsay a lancé un avertissement concernant Théo Clerc, un artiste renommé de l’urbanisme parisien qui s’est également illustré dans la décoration de cinéma et de mode. Après deux mois d’incarcération, il a finalement reçu le consul français le 29 mai. Charlie Clerc, un infographiste de 39 ans résidant dans l’Essonne et frère de Théo, raconte sa première visite à son frère. Selon lui, Théo était sous le choc, avec des tics nerveux, des pertes de mémoire et un visage méconnaissable. Il se souvient que son frère avait émis des demandes étranges par téléphone, comme celle de dessiner le drapeau azerbaïdjanais à côté de la Tour Eiffel. Cependant, lors de leur communication suivante, Théo a insisté pour que son frère ignore ce qu’il avait demandé la semaine précédente. L’article complet est réservé aux abonnés, avec encore 32.06% du contenu à lire.