Est-ce une tentative de vérification ou une réelle intention d’agir ? Le « rapport de dépenses » produit en collaboration par l’inspecteur général des finances et l’inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche, pourrait bien être une bombe à retardement face à une école en difficulté.
Ce rapport, en date d’avril mais publié en septembre, fut demandé par Matignon en automne 2023. Il envisage divers scénarios afin de bénéficier de la diminution du nombre d’étudiants dans les prochaines années pour ainsi réduire le nombre de postes d’enseignants et réaliser des économies budgétaires. Selon les auteurs, cette baisse démographique peut « motiver une diminution des ressources d’enseignement ».
L’introduction de ce rapport fait surface au moment de la planification du budget 2025, bouleversée par le climat politique, qui se révèle particulièrement sensible en raison de l’augmentation du déficit public. En fin août, lors de sa conférence de presse de rentrée, l’ex-ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, a alerté sur la nécessité de sanctifier le budget de l’éducation nationale alors que Bercy recherche des moyens d’économiser.
Depuis 2017, les ressources de l’éducation nationale « ont été mises en œuvre sans tenir pleinement compte des changements démographiques de la population de moins de 30 ans », souligne le rapport. L’accent mis sur les écoles primaires, avec la division des grandes classes de section, de CP et de CE1 dans les zones d’éducation prioritaire, a entraîné une hausse des dépenses éducatives de 9% pour ce niveau habituellement délaissé. Les dépenses d’éducation restent stables au niveau secondaire – avec 8 000 suppressions de postes entre temps – et régressent dans le secteur supérieur.
« Optimisation ».
Par rapport à 2017, les statistiques 2023 démontrent une diminution de 404 000 élèves en primaire, alors qu’on observe une augmentation de 54 000 au secondaire et 245 000 en études supérieures. Selon le rapport, le nombre d’élèves est estimé à diminuer de 480 000 entre 2023 et 2028, dont 252 000 en école élémentaire et 132 500 en collège.
Le rapport propose des scenarios de restructuration basés sur les ‘réalités du terrain’, qui pourraient potentiellement optimiser le système. L’une des principales stratégies serait la redistribution des élèves dans des classes aux effectifs réduits par rapport à la moyenne nationale, selon le type d’établissement (avec ou sans priorité éducative). Cette ‘rationalisation’ permettrait de fermer environ 600 classes en école primaire, 1 000 à 1 450 classes en collège, et de supprimer entre 1 380 et 1 820 postes à temps plein. Les conséquences pour les lycées pourraient consister en une réduction des options d’enseignement, ou bien une diminution des dédoublements de classe, d’après le rapport.
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