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12 septembre 2024 15 h 47 min

Mexique : magistrats élus par vote

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Après une session de débat de quatorze heures, marquée par des invectives, des revirements inattendus, l’envahissement par des protestataires du hall de l’hémicycle et des confrontations avec les forces de l’ordre, la révision de la justice fédérale souhaitée par le président sortant, Andres Manuel Lopez Obrador, connu sous le nom de « AMLO », a été validée par le Sénat mexicain le mercredi 11 septembre, juste après minuit. Cette réforme controversée prévoit notamment l’éviction des 1 690 juges et magistrats et des membres de la Cour Suprême, qui seront remplacés par des élus du peuple.

Le mardi précédent les débats, le parti d’« AMLO », Morena, était à une voix d’atteindre la majorité des deux tiers au Sénat indispensable pour la ratification de la réforme constitutionnelle. Face à l’opposition unanime contre la proposition, un sénateur du Parti Action nationale (droite) a changé d’avis à la dernière minute. Des médias mexicains ont suggéré qu’il a troqué son vote contre l’abandon de poursuites judiciaires engagées à son encontre ainsi que contre sa proche famille pour corruption présumée et enrichissement illégitime. « AMLO » a rejeté cette affirmation. Son revirement a permis l’adoption de la réforme.

Grâce à sa victoire aux élections générales du 2 juin, Morena détient déjà les deux tiers de la Chambre des députés, ainsi que 27 des 32 Parlements locaux du Mexique. Cela offre au président, qui *transmettra le flambeau* à sa successeure élue, Claudia Sheinbaum, le 1er octobre, la possibilité de modeler la Constitution à sa volonté.

Au cours des jours qui ont précédé le débat sénatorial, les groupes d’opposition ont revendiqué que leurs législateurs étaient soumis à des «intimidations» ou au « chantage » de la part de Morena dans le but de modifier leur vote. La réunion s’est déroulée dans une atmosphère tendue. Des insultes telles que « traîtres de la nation », « Judas », « fascistes », et « déchets » ont fusé entre les sénateurs, jusqu’à ce qu’un rassemblement d’étudiants et d’employés judiciaires – en grève depuis le 19 août – s’introduise dans la salle. Dans cette confusion, un sénateur a été blessé à l’œil par de l’essence. Le leader du Sénat a interrompu la session et relocalisé la discussion dans un autre édifice. Les manifestants ont poursuivi les législateurs, rencontrant la résistance des forces d’anti-émeute. Des sénateurs d’opposition ont tenté de prendre la parole, en vain, ni la réunion n’a été suspendue ni le texte n’a été empêché d’être adopté.

En revanche, le gouvernement assure que sa réforme purifiera l’autorité judiciaire qu’il juge minée par la corruption, le favoritisme et les conflits d’intérêts. Le populaire président, souvent en conflit avec les juges et les ministres de la Cour Suprême, les accuse de comploter avec ses détracteurs pour entraver ses décisions. « AMLO », qui a bénéficié de 65% d’approbation après 6 ans au pouvoir, était déterminé à obtenir l’approbation de la réforme avant de passer le flambeau à Claudia Sheinbaum. Celle-ci a salué l’approbation du texte, proclamant qu’il établira « une véritable démocratie et un véritable État de droit ».

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