La technologie va s’engager dans la lutte contre l’usurpation d’identité dans les transactions bancaires, répondant à la croissance constante de ce type de fraude, malgré les tentatives de prévention de la part des banques. A compter d’octobre, diverses méthodes seront employées pour contrecarrer ces tromperies.
L’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP), dirigé par Denis Beau, vice-gouverneur de la Banque de France, a publié son dernier rapport annuel le mardi 10 septembre. Celui-ci souligne que la tricherie autour des moyens de paiement scripturaux, c’est-à-dire à l’exclusion des espèces, est restée plus ou moins constante, malgré une augmentation notable de leur utilisation.
En effet, cette tricherie a engendré une perte d’environ 1,195 milliard d’euros en 2023, une hausse minime de 0,2%, malgré une croissance de 5,2% du nombre de transactions, atteignant 32,2 milliards.
La carte bancaire, qui demeure le moyen de paiement préféré des Français (64,6% de toutes les transactions, soit une hausse de 1,3 points par rapport à 2022), est responsable de 41 % de cette somme. Cependant, le taux de fraude a légèrement baissé, à 0,053%, soit 53 euros de fraude pour chaque tranche de 100 000 euros de transactions. Il s’agit du taux le plus bas jamais enregistré par l’OSMP. Cela témoigne de l’efficacité des techniques d’identification renforcée imposées par la directive européenne sur les moyens de paiement appelée DSP2.
Finalement, il faut mentionner les dépôts de chèques suspects.
L’incidence de la fraude par chèque, principalement due aux vols de chéquiers pendant le transport, demeure plus élevée, atteignant 0,078 %. Cependant, les montants impliqués sont en baisse en raison de la diminution de l’utilisation des chèques et des efforts accrus des banques pour lutter contre les dépôts de chèques suspects. En effet, des mesures d’arrêt permanent ou temporaire des opérations ont empêché 222 millions d’euros de transactions frauduleuses en 2023, selon l’OSMP.
D’autre part, la fraude par virement est toujours faible comparée au montant total des fonds échangés (0,001 %), malgré l’adoption rapide des virements instantanés (qui ont augmenté de 46 % en volume en 2023). Toutefois, ce mode de paiement est particulièrement vulnérable aux tactiques de « manipulation sociale », c’est-à-dire la tromperie des clients bancaires, qui est l’approche la plus courante utilisée par les fraudeurs pour déjouer les mécanismes d’authentification et de prévention et collecter des données personnelles.
En 2023, la fraude par manipulation a ainsi totalisé 379 millions d’euros, soit 32 % du total des paiements frauduleux, contre 22 % en 2021. La tactique du « faux conseiller » est particulièrement courante, où le fraudeur se fait passer pour un employé de banque afin de persuader le client de divulguer ses identifiants ou d’effectuer lui-même des paiements. Pendant longtemps, ce procédé a été facilité par des techniques de « spoofing », qui consiste à usurper le numéro de téléphone de la banque pour renforcer la crédibilité du fraudeur, ou à utiliser des « sites miroirs » qui imitent ceux d’un service public ou d’un commercant en ligne.
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