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11 septembre 2024 11 h 44 min

Bolsonaristes du Sud : nostalgie et renouveau

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Ce 30 août, Cedenir Simon, aussi connu sous le nom de Cedê, est étonné voire déçu. Le candidat du Parti des travailleurs (PT) pour l’élection municipale de Brusque, au sud du Brésil, remarque : « Ni œufs lancés sur nous, ni insultes, ni menaces ! ». Accompagné de quelques militants, il fait campagne à la gare routière de la ville. Bien que nombreux l’ignorent avec courtoisie, Certains acceptent quand même de converser avec lui. « Les gens recommencent à écouter. Il y a un mouvement! » s’exclame-t-il avec satisfaction.

Dans cette ville de 150 000 habitants de l’État Santa Catarina, il est clair que les perspectives des gauchistes lors du scrutin du 6 octobre ne sont pas brillantes. Au moment de l’élection présidentielle de 2022, l’actuel président, Luiz Inacio Lula da Silva, n’a obtenu que 21,4% des votes à Brusque, contre 78, 6% pour l’extrême droite de Jair Bolsonaro (respectivement 50,9% et 49,1% au niveau national).

Cependant, en deux ans, le climat ambiant a l’air d’avoir évolué. Les sympathisants du PT affichent maintenant fièrement leur emblème rouge, l’étoile du parti, sans crainte. « Nous sommes de gauche et nous ne le cachons pas », déclare fièrement Cedê qui affiche un visage jovial et utilise sa proximité avec Lula comme un argument de campagne. « Plusieurs de ses ministres sont des amis à moi. Je peux entrer dans leurs bureaux sans fixer de rendez-vous », se vante-t-il avec un sourire.

Située à une distance de 30 kilomètres de l’océan, Brusque n’est pas une ville particulièrement joviale. En tant que pôle dynamique du textile et capitale florissante du tricot brésilien, ses usines et ses bâtiments à l’ombre de plomb s’étendent le long du rio Itajai-Mirim. Le seul écart à cette image industrielle est constitué par d’imposants bâtiments ornés de tourelles, qui rappellent vaguement l’architecture à colombages de l’Elbe ou du lac de Constance. Un de ces édifices abrite la mairie. La ville a été fondée par des immigrants allemands, puis italiens et polonais, et est considérée comme une ville à forte influence culturelle allemande. Leandro Hyarup, un entrepreneur de 43 ans dans l’industrie du fil à tricoter, explique : « Ici, travail, intégrité, ponctualité et dévouement sont les valeurs suprêmes ».

Le Parti des Travailleurs (PT) a temporairement dirigé Brusque sous la supervision de Paulo Eccel (2009-2013). Cependant, pour Leandro Hyarup, c’était plutôt une erreur. Selon lui, le rejet du PT est très prévalent. Les citoyens de Brusque n’ont jamais pardonné à Lula pour ses scandales de corruption. Ils sont contre les aides sociales et ont le sentiment de ne pas recevoir suffisamment d’argent par rapport aux taxes qu’ils versent à la Fédération.

Trois conservateurs se présentent

Dans cette ville plutôt sévère, les écoles publiques civico-militaires sont en plein essor. On compte quatre de ces établissements à Brusque où l’ordre est maintenu par d’anciens officiers et où les élèves chantent l’hymne national tous les jours, main sur le cœur. « Il s’agit de retrouver le sens du patriotisme et du respect, deux valeurs qui ont été négligées ces dernières années », explique Ana Vani Giraldi, 58 ans, directrice de l’école civico-militaire Isaura Gouvêa Gevaerd, située dans le sud de la ville.

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