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Afghanistan : aider régime ou peuple

L’Afghanistan pose un défi majeur pour la communauté internationale, qui n’est pas certaine de la meilleure façon de le gérer. Trois ans après la reprise de Kaboul, le contrôle taliban continue, notamment par l’intermédiaire de leur politique de marginalisation et de répression des femmes, les réduisant au silence et à l’isolement social. Ce gouvernement théocratique, rural et nationaliste ignorer les critiques internationales, dénonçant toute interférence étrangère.

Face à la situation afghane, un désaccord persiste entre les grandes puissances, les Nations Unies et les pays voisins sur la posture à adopter face aux islamistes afghans. Alors que certains se limitent à fournir une assistance humanitaire, d’autres pensent qu’il serait préférable de soutenir le développement du pays. Quelques-uns maintiennent une interaction courtoise avec eux, sans toutefois aller jusqu’à la reconnaissance officielle.

Suite à leur retrait désordonné de Kaboul à l’été 2021, les Etats-Unis ont initialement rompu tous liens diplomatiques et de sécurité avec ceux qui les avaient expulsés. Par la suite, Washington a rétabli discrètement un contact sporadique avec les Talibans. Depuis lors, les relations se sont apaisées. Les responsables américains semblent estimer que la consolidation de leurs liens avec le régime islamiste est essentielle, pour leur sécurité comme pour leur influence dans la région.

En termes financiers, Washington a toujours soutenu Kaboul. Ainsi que le met en lumière, l’Inspecteur Général Spécial pour la Reconstruction de l’Afghanistan (Sigar), nommé par le Congrès pour surveiller l’utilisation des fonds américains, les États-Unis « ont alloué ou offert 20,7 milliards de dollars [18,5 milliards d’euros] d’aide » depuis le retrait de leurs forces. Cette somme englobe l’assistance humanitaire, le support au développement, le soin des réfugiés afghans et les avoirs de l’État afghan, gelés par Washington et remis en fin 2022, au fonds afghan instauré par le Trésor Américain dans le but de stabiliser la devise du pays. Les talibans, leur ennemi déclaré, demeurent leur premier pourvoyeur de fonds.

Change de cap diplomatique américain

Pour le moment, contrairement aux Chinois, aux Russes, aux chancelleries d’Asie centrale ou à certains pays du Golfe, les Américains n’ont pas l’intention d’opérer un retour à Kaboul. Les entretiens entre les diplomates de Washington et les hauts dirigeants talibans ont lieu à Doha, au Qatar. Il n’y a pas non plus de signature de contrats, comme c’est le cas avec Pékin, sur l’extraction de matières premières, ni d’arrangement de conférences commerciales régionales, comme c’est le cas en Iran ou en Russie. Pourtant, ni Pékin, ni Moscou, ni même Islamabad, le voisin historiquement ami des talibans, n’ont reconnu officiellement le régime de Kaboul.

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