Sur le sofa de leur salon qui offre un panorama exceptionnel sur la Méditerranée, Sonia et ses deux soeurs demeurent mutiques face à leur mère regardant attentivement leur doigt. Marqué d’encre bleue, c’est une indication de leur visite à la mairie de Baïnem pour voter lors de l’élection présidentielle du samedi 7 septembre. Susceptible d’être la cible de sanctions administratives destinées aux non-votants selon une rumeur, la première soeur s’est déplacée pour obtenir un cachet sur sa carte d’électeur. Elle a voté en blanc, contrairement à ses deux soeurs qui, dans la même inquiétude, ont décidé de « voter pour « oncle Tebboune » pour avoir un logement social », déclarent-elles en riant. « Et comment « oncle Tebboune » va savoir que tu as voté pour lui? », leur mère, sceptique, prétend vouloir savoir.
Au cours de sa campagne électorale, le chef d’État Abdelmadjid Tebboune a engagé à fournir une augmentation de 2 millions de logements sociaux pour le peuple algérien. Cela survient après qu’un million et demi de maisons, dont la construction avait été initiée il y a de nombreuses années, ont été achevées et remises aux citoyens pendant son premier mandat (2019-2024), selon le ministère du logement. Tebboune, qui a autrefois occupé ce poste ministériel, est conscient de l’importance cruciale de ces maisons, particulièrement dans le cadre de l’atténuation des discours islamistes auprès des plus démunis. Cependant, cela n’a pas empêché le peuple algérien de manifester en 2019 pour le départ du président Abdelaziz Bouteflika à travers le mouvement populaire du Hirak, qui a ensuite été sévèrement réprimé. Comme Sonia le souligne, « si la fête est finie et qu’il faut se taire sous peine d’être emprisonné, alors il vaut mieux profiter du système ».
En plus de cela, Tebboune a promis une augmentation des salaires pour les électeurs, alors que la réforme prévue pour 2022 du système de subvention des produits de base est apparemment mise de côté. Si le budget public le permet, une fois au pouvoir, l’Etat prendra la charge. Depuis 2019, des milliards d’euros ont été injectés par l’Etat dans divers projets stratégiques tels que des usines de dessalement d’eau de mer, l’extension du réseau ferroviaire, l’industrie minière, entre autres. Ces projets restent néanmoins menacés par d’éventuelles baisses des prix mondiaux des hydrocarbures, comme cela a été le cas en 2016.
Dans un document rendu public en mai, la Banque mondiale a exprimé son optimisme concernant la « vitalité » de l’économie algérienne. Depuis 2021, celle-ci a enregistré une croissance stable d’environ 4%, alors que d’autres pays ont du mal à générer une croissance positive, selon Kamel Braham, le représentant résidant de l’institution financière. Classée troisième économie du continent africain, l’Algérie, dont le produit intérieur brut (PIB) est prévu à 267 milliards de dollars en 2024 selon les prévisions du Fonds monétaire international, s’est rétablie une marge de sécurisation financière, possédant 69 milliards de dollars de réserves de change à la fin de 2023. Cependant, les efforts en cours pour diversifier son économie, étape essentielle afin de réduire la dépendance du pays à l’égard des revenus pétroliers et gaziers, ne sont pas aussi progressifs que déclaré par M. Tebboune.
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