L’aspect tranquille et changeant de la campagne de Pennsylvanie peut tromper le touriste mal informé. Entre les paysages de tournesols brillants et de champs de maïs desséchés, des aventures prennent formes. Un mouvement se développe au sein du comté de York, qui abrite environ 460 000 résidents. À l’approche de l’élection présidentielle américaine, les démocrates montrent un nouvel intérêt pour les régions moins urbanisées, traditionnellement acquises aux républicains.
Stewartstown, une petite ville pittoresque, affiche une neutralité apparente. La campagne électorale n’a pas encore éclaboussé ses jardins bien entretenus, ses vitrines ou ses accotements. Cependant, chez Janet Winters, une résidente de 66 ans, gît un symbole de changement. Ses pancartes à l’effigie du duo démocrate Kamala Harris-Tim Walz ornent déjà sa véranda, en attente d’être disposées sur les pelouses immaculées de son voisinage.
Maintenant que ses enfants sont adultes et ont décidé de vivre à Taïwan pour devenir enseignants et chercher leur propre voie, Mme Winters travaille pour un programme d’aide alimentaire destiné aux femmes et aux tout-petits. Non sans une certaine fierté, elle embrasse son nouveau poste : celui de coordonnatrice du petit cercle de démocrates de sa région.
« Je suis minoritaire dans cette région », confie-t-elle avec un sourire, en mentionnant les nombreux panneaux affichant « Trump 2024 ». « Beaucoup de gens sont venus s’installer ici pour échapper aux problèmes de Baltimore [Maryland], la grande ville à proximité, dit-elle. On y trouve également des passionnés d’armes à feu. Cependant, j’ai du mal à comprendre comment autant de personnes peuvent soutenir cet homme qui fait ressortir le pire de nous tous et du pays tout entier. Un homme qui appuie les suprématistes blancs. »
Un jour, Janet Winters avait envisagé de mettre en place une affiche du mouvement Black Lives Matter en signe de solidarité envers le mouvement contre la violence policière, mais elle a décidé de ne pas le faire. C’était un acte un peu trop audacieux pour le quartier. Quand elle s’est installée à Stewartstown, il y a trente ans, elle s’est crue être la seule démocrate. Par la suite, Janet Winters a trouvé d’autres démocrates, à la bibliothèque municipale, qui sont devenues ses amies.
Dans des endroits ruraux comme le comté de York – qui a soutenu Donald Trump de manière écrasante (61,5 %) en 2020 –, l’ambition de Kamala Harris n’est pas de l’emporter, mais de diminuer l’écart. Et la tactique démocrate se base sur un réseau de militants enthousiastes.
Lancer une campagne de terrain populaire.
Il reste 74.47% de cet article à lire. La suite est exclusivement réservée aux abonnés.