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10 septembre 2024 22 h 45 min

Préparer l’après-Poutine, dit Kara-Mourza

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Vladimir Kara-Mourza, qui a été emprisonné pendant 25 ans en Russie, a été libéré le 1er août, avec 15 autres détenus politiques, marquant le plus important échange avec l’Occident depuis la fin de la guerre froide. Actuellement à Paris, il dévoile dans une interview avec Le Monde son ambition de rassembler les forces d’opposition et d’établir une « feuille de route » pour la construction d’une Russie démocratique.

Depuis sa libération le 1er août, Kara-Mourza a rencontré plusieurs dirigeants mondiaux, notamment le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron. Il a également rencontré le président finlandais Alexander Stubb. Pendant ces rencontres, il voulait transmettre deux messages clés. Le premier, qu’il considère très important, est de discuter de la situation des prisonniers politiques dans les goulags de Poutine. Les estimations indiquent qu’il y a plus de 1300 prisonniers politiques en Russie et environ 2000 en Biélorussie, sans même considérer les prisonniers de guerre ukrainiens. Selon Kara-Mourza, il a une responsabilité morale envers ces personnes. Il cite le cas d’Alexeï Gorinov, un ancien élu municipal qui a été le premier à être condamné pour son opposition à la guerre en Ukraine. À plus de 60 ans, Gorinov est gravement malade et ses conditions de détention sont épouvantables. Il mentionne également Maria Kolesnikova, une opposante en Biélorussie, dont le sort est incertain. Kara-Mourza insiste sur le fait que l’échange du 1er août, qui a sauvé 16 vies dont la sienne, doit être répété.

En envisageant l’avenir, il est crucial de noter que d’importantes modifications politiques dans notre nation sont souvent abruptes, comme l’effondrement de l’empire Romanov ou de l’empire Soviétique. De fait, il est essentiel de ne pas reproduire les failles des années 1990, lorsqu’il n’y a pas eu de véritable changement par rapport au passé communiste, aucun blâme n’a été assigné ou aucune culpabilité n’a été définie. Lorsque le régime de Poutine s’achèvera, ce qui arrivera, il faudra examine les archives, se préparer à sanctionner tous les coupables des crimes perpétrés en Ukraine, mais également contre les Russes, y compris l’assassinat de Boris Nemtsov [opposant tué en 2015] et d’Alexeï Navalny [mort en détention en février].

Dans les années 1990, les nations démocratiques n’étaient pas entièrement préparées pour accepter une Russie libre et démocratique comme pour les pays de l’ancien bloc soviétique. Quelques actes symboliques comme l’adhésion au Conseil de l’Europe ont eu lieu, mais c’est tout. Nous devons envisager un plan d’action pour inserer la Russie post-Poutine dans la communauté globale. Si l’Europe aspire à une existence paisible et unie, elle doit l’être avec une Russie libre et démocratique.

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