Malgré n’avoir encore jamais expérimenté le monde professionnel, une majorité d’étudiants envisage déjà un avenir sombre. C’est ce que révèle une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) publiée le 3 septembre. L’étude a été réalisée au début de 2024 auprès d’un échantillon de 600 étudiants représentatifs du supérieur. Plus de 80% des étudiants estiment que le monde du travail est « demandeur », « concurrentiel » et « stressant ». Pour 70% d’entre eux, il serait même « autoritaire », pour 67% « injuste » et pour 57% carrément « impitoyable ». Qu’ils viennent de l’université, d’une école de management ou d’une école d’ingénieurs, tous partagent cette vision défavorable du monde du travail.
Leur méfiance envers la vie professionnelle se manifeste surtout dans leurs inquiétudes quant à leur insertion sur le marché du travail une fois leurs études terminées. 63% d’entre eux sont préoccupés de ne pas pouvoir trouver un travail qui répondent à leurs critères de choix (salaire, lieu de travail, possibilité de télétravail, etc.). 55% sont persuadés qu’il leur sera compliqué de trouver un emploi stable et près de la moitié (48%) sont inquiets de ne pas trouver un premier emploi du tout.
Pierre Lamblin, le directeur des études de l’APEC, signale que, malgré les craintes portées par certains, la réalité de l’insertion professionnelle est en général favorable pour les jeunes. Selon les chiffres présentés par le baromètre 2023 de l’APEC, 12 mois après avoir obtenu leur diplôme, 88% des détenteurs d’un Bac +5 ont trouvé un emploi, dont 68% en contrat à durée indéterminée (CDI). Cependant, un certain écart existe entre différentes disciplines. En effet, l’insertion rapide concerne 92% des diplômés en sciences et en droit, contre seulement 74% de ceux avec des formations en sciences humaines.
En outre, les étudiants nourrissent également des préoccupations sur la qualité de leur futur emploi. 37% d’entre eux craignent d’être sous-rémunérés ou confrontés à trop de stress, 29% redoutent un déséquilibre entre leur vie professionnelle et privée et un nombre presque équivalent s’inquiète de ne pas trouver un sens à leur travail. Lamblin souligne que ces inquiétudes font partie des « attentes fondamentales » que partagent actuellement toutes les tranches d’âge actives, et pas seulement les jeunes. Une étude de l’APEC et du think tank Terra Nova publiée en février 2024 réfute l’idée d’un soi-disant nouveau rapport au travail spécifique aux jeunes.