Ce mardi 10 septembre, les abonnés à La Croix n’ont pas eu leur journal quotidien. Une cyberattaque a sévèrement perturbé le fonctionnement de la publication ainsi que celui du Groupe Bayard, dont les hostilités ont commencé le dimanche 8 septembre. Mardi matin, la production du journal était encore fortement ralentie. Un membre du personnel de la rédaction a déclaré : « Nous n’avons toujours pas d’accès à Internet et la journée va être encore difficile car toute l’entité de Bayard est affectée. »
Le coupable? Un logiciel de rançon qui a affecté une partie des systèmes informatiques de Bayard, qui publie non seulement le quotidien catholique La Croix, mais aussi l’hebdomadaire Le Pèlerin, le mensuel Notre Temps et d’autres titres emblématiques pour la jeunesse, tels que Pomme d’api, Astrapi, Okapi, J’aime lire, et autres.
Comme leur nom l’indique, ces logiciels de rançon visent à soutirer de l’argent à une entreprise, souvent en rendant illisibles ses données internes. Les pirates informatiques ont souvent pour habitude de copier ces données et demandent une somme d’argent considérable pour ne pas les divulguer en ligne.
L’incident a nécessité l’arrêt de la plupart des outils de rédaction, de production et de vente au sein de Bayard, comme le citait un message interne diffusé le lundi matin que Le Monde a pu consulter. En mesure de précaution, le site marchand du Groupe Bayard a été fermé depuis lundi soir et était toujours en train d’être maintenu mardi après-midi. Une telle action est assez commune en cas de cyberattaque, elle permet de prévenir la propagation du logiciel malveillant à travers l’ensemble du réseau.
Selon une source anonyme de La Croix, l’équipe informatique a décidé de ne pas reconnecter le back-office [accès au système de publication] avant d’avoir localisé le point d’intrusion du logiciel de rançon. Cela a résulté en un site web fonctionnant en « mode dégradé », accessible à tous gratuitement. Un projet de journal pour le mercredi est en cours, bien qu’il soit affecté par des difficultés d’accès notamment chez La Croix, comme l’ont signalé divers membres du personnel journalistique. La gravité de la situation est soulignée par le fait que la communication interne a demandé au personnel de ne pas répondre aux demandes d’informations provenant de l’extérieur.
Pendant ce temps, l’édition numéro 7398 de l’hebdomadaire Le Pèlerin, consacrée à la « jungle » très haut débit, a correctement été finalisée ce lundi, elle sera disponible en kiosque jeudi comme prévu. Cependant, les journalistes de La Croix sont contraints de trouver des solutions alternatives pour compenser l’absence d’outils quotidiens. « Lundi, toutes les imprimantes étaient en panne, ainsi que les serveurs qui permettent d’ajouter des infographies aux pages », déplore un journaliste. « Il n’est plus possible de se connecter à notre outil de publication par le biais d’ordinateurs connectés par câble, il faut utiliser le Wi-Fi et activer un VPN [réseau privé virtuel] pour mettre à jour le site Web », ajoutent plusieurs sources internes.
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