« Qu’est-ce qui distingue la séduction d’un terroriste en devenir sur le web et un « complot de malveillance terroriste » ? En ce qui concerne Serge D., un aristocrate homosexuel et catholique de 68 ans, le tribunal correctionnel de Paris a considéré que la « ligne rouge » avait été franchie. En 2023, Serge avait été jugé et condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis et un an de surveillance électronique, ainsi qu’à une amende de 40 000 euros.
L’affaire inhabituelle a refait surface le lundi 9 septembre à la cour d’appel de Paris pour un deuxième essai, Serge D. ayant fait appel de sa condamnation. « Je ne pense pas que la condamnation était justifiée », a-t-il déclaré en ouverture du procès. « Je refuse d’être perçu comme un terroriste. Je suis prêt à assumer mes erreurs, mais pas cela ! »
Lors de son premier interrogatoire par l’un des trois juges, Serge D. admet : « Je réalise maintenant que j’ai emprunté un chemin très éloigné de la raison, et j’ai commis une énorme bêtise qui me coûte très cher. »
Dans la vie quotidienne, Serge D. est un homme au visage sympathique avec ses lunettes carrées, sa barbe blanche de trois jours, son polo vert à manches courtes et son ventre qui dépasse de son jean. Sur les réseaux sociaux, cependant, Serge D. se faisait appeler « Abou Marc Reconverti » et utilisait une image de lion comme avatar.
« Pourquoi un lion ? », demande le juge.
« J’ai pensé que c’était drôle. Le lion est le symbole de l’apôtre Marc pour les catholiques.
« Oui, mais Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] utilise aussi le lion comme symbole.
« Je faisais un double jeu, c’était ma façon de me moquer d’eux. » »
Dans le cadre de ses discussions sur Internet, il fait l’éloge de l’auteur d’un incident survenu le 2 février 2020 à Londres, en déclarant à un correspondant, « Il est un lion, nous devons être fiers de lui. Il est un martyr qui a atteint le paradis d’Allah. Allah est grand. »
Conversation sans effet
Au cours de l’interrogatoire, Serge D. commence à perdre sa confiance en lui. « Je me suis trouvé dans une spirale sans m’en apercevoir. » Il a confié qu’à l’origine, il était attiré par la « fantaisie d’un musulman qui l’attirait sur le plan physique ». Il parle d’une « sorte de super-homme », sans jamais nommer les djihadistes. Selon lui, il courtisait des musulmans, non des terroristes potentiels. Il semble penser que le « djihad » et la « hijra », l’émigration vers une terre d’islam nécessaire avant la guerre sainte, font partie du vocabulaire de tout musulman. La juge qui le questionne a du mal à le croire : « Vous cherchiez à séduire qui ? Des musulmans radicaux pro-jihad, et non pas des musulmans en général. »
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