« LE RÉPERTOIRE DES ATTRACTIONS DU MATIN
La ville de Saint-Nazaire est une aubaine pour tous ceux qui sont passionnés par la mer. Que ce soit à pied ou à vélo, les bateaux passés et présents sont examinés, on ressent la brise marine sur soi et on attend avec impatience la pêche du jour.
Trajet en vélo de la Loire à l’océan
Depuis la Place du Commando, tout en écoutant le bruit des verres qui s’entrechoquent dans les bars à proximité, la vue de l’entrée du port de Saint-Nazaire est à couper le souffle. Au loin, derrière les deux jetées en forme de pinces de crabe, le pont à haubans, d’une longueur de 3,3 kilomètres, traverse l’estuaire de la Loire. Un imposant bateau jaune s’éloigne et prend la direction de l’Atlantique. Il s’agit du Samuel-de-Champlain, un navire de dragage par aspiration, qui emporte avec lui les sédiments qu’il vient de draguer. Poursuivons sa traversée en vélo tout en observant la façade maritime. En embrassant la brume, un remorqueur s’aventure maintenant en haute mer. Sur la terre ferme, des rues baptisées Veracruz, La Havane, Santander font écho à l’Amérique latine. Des maisons aux façades colorées en rouge, jaune et bleu cyan rappellent qu’un quartier bourgeois est né au début du XXe siècle, à l’époque où l’industrie portuaire battait son plein.
Embarquez pour une croisière… au musée. »
L’air se mêlant à nos cheveux, nous sommes sur le point de nous agripper au garde-fou pour observer les icebergs se dessinant à l’horizon dans la nuit froide et obscur. Au sein d’Escal’Atlantique, un musée dédié aux paquebots, on se retrouve sur un pont-promenade intégralement reproduit. « Certains de nos visiteurs ressentent comme si le sol oscillait, mais cela n’entraîne jamais de mal de mer », plaisante Mathieu Rodrigues de Oliveira, responsable de la médiation. Cette visite immersive à travers les passages, les soutes, les salles des turbines et les lounges chic des luxueux navires de croisière construits à Saint-Nazaire entre 1864 et 1962 offre une immersion réaliste dans l’histoire des transatlantiques. En route vers les Amériques, en première classe pour les hommes d’affaires fortunés et leurs proches, et en troisième classe pour les 60 millions de migrants européens. Plus de deux cents objets fascinants, tels que les panneaux laqués du fumoir du Normandie, ou de délicates pièces de vaisselle des trois niveaux de passagers du même navire, retracent ces péripéties industrielles et humaines.
Il est temps d’appréhender l’ampleur d’un géant des océans.
Bérangère Cousin, conférencière experte en visites d’entreprises, compare l’assemblage d’un navire à une gigantesque construction de Lego où la soudure joue un rôle clé. Elle nous invite à plonger dans l’ambiance fascinante des Chantiers de l’Atlantique, où des plaques d’acier imposantes, aux tons rouges et gris, sont levées vers les cieux par de puissants électroaimants fixés à un grand portique. Le chantier naval s’étend sur une superficie de 110 hectares, avec 8 000 travailleurs divers allant des ingénieurs aux métallurgistes, investis dans leurs tâches quotidiennes. Sept bateaux, dont de majestueux navires de croisière, un navire de ravitaillement militaire et une sous-station électrique d’un parc éolien marin, sont actuellement en construction. Il y a une activité intense autour de processus de fabrication de l’acier : grenaillement, découpage, soudage et peinture. Il est fréquent de voir des soudeurs masqués sur des échafaudages, fiant l’installation d’une porte avec des éclats d’étincelles. Un moment impressionnant lors de la visite est l’opportunité de se tenir à côté d’un navire de croisière en construction, posé sur des calles en bois, qui attend patiemment sa finalisation. C’est un spectacle qui donne le sentiment d’être un minuscule Gulliver dans un monde de géants. Un grand bout de l’histoire n’est pas encore achevé, car plus de 39% de ce récit reste à raconter, mais seuls les abonnés peuvent y avoir accès.