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8 septembre 2024 13 h 47 min

Marais jungle en Seine-et-Marne

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Aux moindres chocs, les grenouilles au repos près du bord du bassin plongent dans l’eau pour se camoufler dans la boue. Le long d’un sentier boueux, un lézard montre sa tête avant de se fondre rapidement dans les hautes herbes. Juste au-dessus de l’eau, des libellules et demoiselles dansent dans l’air. Avec une longueur pouvant atteindre 10 centimètres et portant deux ou quatre ailes, elles montrent fièrement leurs couleurs vibrantes comme le bleu royale, le vert forêts et le rouge éclatant.
Les agrions de Mercure captent le regard : ces tiges fines de couleur métallique bleue, portant des marques noires rappelant un casque gaulois, préservent leur équilibre, se tenant fermement aux herbes. Parmi les buissons se déplacent deux insectes arrimés, en train de s’accoupler. Le promeneur continue sa progression, suivi d’adorables papillons blancs.
Durant l’été, la Bassée, une plaine inondable recouvrant 30 000 hectares sur les deux côtés de la Seine, entre Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) et Romilly-sur-Seine (Aube), donne l’image d’une énorme jungle. Les variétés de vert se correspondent. On remarque les plantes ombellifères, des végétaux assez ordinaires formant des bouquets de fleurs blanches, s’étendent vers le ciel. Plus près du sol, des bourgeonnements d’origan, identifiables par leurs petites fleurs rosâtres, recouvrent complètement certains champs. Dans un environnement épais de lianes, de branches et de ronces, on trouve des chemins étroits menant vers des bassins partiellement dissimulés. Les débris de bois mort, les liserons, et les bosquets d’orties sont le terrain de nombreuses créatures insolites.

La faune et la flore ne sont jamais silencieuses. L’observateur attentif peut identifier le chant strident du martin-pêcheur. Des hérons déploient leurs ailes sur une rive avec un bruit doux et feutré. Pendant ce temps, les canards nagent sur un étang sous la surveillance d’un rapace en vol stationnaire. Aux crépuscules de l’aube ou du coucher du soleil, on peut parfois apercevoir des renards, des hérissons, et même une martre, tandis que des milliers d’insectes – sauterelles, grillons et coléoptères – crépitent dans toutes les directions. Il serait malhonnête de ne pas mentionner les moustiques bien nourris, prêts à se délecter de sang humain, qu’on repousse avec un répulsif puissant.

Ces paysages luxuriants se trouvent en Ile-de-France, pourtant La Bassée ne présente aucun des aspects urbains typiques de la campagne avoisinante de la région la plus peuplée du pays. Il n’y a ni bancs accueillant des promeneurs de chiens réfléchis, ni odeur de barbecue, ni bruit de tondeuse à gazon, ni panneaux publicitaires pour de futurs projets immobiliers. Seuls quelques pêcheurs, ayant jeté leur ligne tôt le matin, somnolent, un chapeau large posé sur la tête, à côté de leur glacière.

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