Steven, un homme à l’expression décharnée et portant un crucifix au cou, se présente devant le pape François après avoir partagé les défis rencontrés par les catéchistes de sa communauté. Il s’agenouille et offre au pontife un chapeau orné de plumes d’oiseau de paradis, symbole de son pays. Après avoir reçu l’approbation du pape, il place le couvre-chef à plumes jaunes sur la tête de François, qui éclate de rire, provoquant les applaudissements enthousiastes de la foule à Vanimo, une petite ville dans le nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Cette ville, qui compte habituellement 10 000 résidents, voit sa population doubler pour l’arrivée du pape ce 8 septembre.
Avant la capitale du Timor Oriental, Dili, et après Djakarta en Indonésie, et avant de se rendre à Singapour, la visite du pape François à Vanimo représente son unique détour hors d’une capitale. Malgré les complications logistiques, le pape de 87 ans insistait pour faire cette halte symbolique, destinée à mettre en lumière les « périphéries » souvent négligées par le monde développé. En se rendant dans cette région rurale éloignée de la capitale, François souligne également l’extrême pauvreté des endroits ruraux, où les besoins fondamentaux ne sont parfois pas satisfaits. En effet, 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
En réalité, le manque de services publics ne se limite pas uniquement aux zones éloignées de ce pays composé de plus de 600 îles et plus de 800 dialectes. Malgré sa riche terre sous-jacente et son emplacement stratégique qui attire les grandes nations, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, indépendante depuis 1975, a du mal à se développer. 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et 85 % des gens vivent en milieu rural. Dépourvu d’état civil, le gouvernement ne connaît même pas la taille exacte de sa population, qui est estimée entre 10 et 17 millions d’individus. Dans tout le pays, largement chrétien, ce sont les Eglises, catholiques et protestantes, qui prennent en charge l’essentiel des services, y compris les écoles, les cliniques et même les transports.
Dans une interview accordée à Vatican News, le site d’information du Vatican, avant la visite, le père Alejandro Diaz, un missionnaire argentin basé à Vanimo, avait raconté comment sa communauté se préparait pour l’événement. Face à des difficultés telles qu’une alimentation électrique instable, un manque de fonds, une absence de toilettes et de logements pour les milliers de fidèles venus des villages voisins dans la jungle, il décrivait la mission sur place comme « exigeante ». La flexibilité est capitale : « Il y a une multitude d’animaux ici. Il y a deux semaines, nous avons eu une bonne chasse. Nous avons des panneaux solaires à utiliser pour le réfrigérateur. Avec huit à dix cerfs, nous aurons assez de nourriture pour ceux qui viennent », détaillait le missionnaire aux multiples talents, alors que les responsables de l’Église enjoignent les communautés locales à être autonomes.
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