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8 septembre 2024 8 h 47 min

L’arbre d’olives, un emblème en péril sous l’occupation

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Le poète palestinien Mahmoud Darwich évoquait la magnificence et l’élégance d’un olivier, un symbole significatif pour son peuple. Cet arbre, représentant la résilience et l’attachement à leur terre occupée par Israël depuis 1967, est une importante source de revenus pour les Palestiniens et marque les collines de Cisjordanie. Deux artistes basés à Berlin – Adam Broomberg, un juif sud-africain de 53 ans et Rafael Gonzalez, un photographe germano-espagnol de 27 ans – ont choisi d’immortaliser ces oliviers, parfois millénaires, à travers une série de portraits. L’arbre est le sujet principal de leurs œuvres, captivant le regard avec son tronc entrelacé, tandis que le mur construit par Israël, les habitations compactes et le cimetière constituent l’arrière-plan, évoquant la vie en Palestine.

Adam Broomberg déclare avoir été frappé par l’âge impressionnant de ces arbres, notamment l’olivier Al Badawi, vieux de 4 500 ans. Toucher ces arbres et penser à tous les événements et cultures qu’ils ont vus apparaitre et disparaitre a été une des expériences les plus marquantes de sa vie. Cependant, malheureusement, bien que ces oliviers apparaissent puissants dans les portraits capturés pour leur ouvrage Anchor in the Landscape (« ancre dans le paysage »), qui n’a pas été traduit, ils sont menacés.

Depuis 1967, environ 800 000 arbres ont été enracinés, incendiés, ou anéantis par les dirigeants et les occupants israéliens. Deux oliviers décrits dans le livre ont été abattus après la prise des photographies. « Il est essentiel de disposer d’une sorte d’archive pour témoigner de l’existence de ces arbres, qui sont présents depuis si longtemps mais qui sont devenus extrêmement vulnérables » au cours des cinquante dernières années, selon Adam Broomberg.

Chaque image arbore comme titre les coordonnées GPS de l’olivier. Collectivement, ils esquissent une cartographie centrée sur le sud de la Cisjordanie, dans le secteur de Hébron, où les colons israéliens sont établis en plein cœur de la vieille ville palestinienne. Adam Broomberg, en collaboration avec Issa Amro, un célèbre militant palestinien âgé de 44 ans qui lutte pour conserver ses terres, a formé l’ONG « Artists + Allies × Hebron » (AAH). Sa véranda offre une vue sur une oliveraie. Le duo de photographes a réalisé cette œuvre sur place en utilisant un grand format de caméra qui requiert du temps et de la précision. Ils évitaient ainsi d’exposer trop au danger.

Un jour, alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur de la maison d’Issa Amro à Hébron, une trentaine à une quarantaine d’enfants colons les ont encerclé et commencé à leur lancer des pierres, décrit Rafael Gonzalez, dont c’est la première œuvre publiée. Sur le terrain, Adam Broomberg a été plusieurs fois bousculé et frappé par des occupants. De plus, le processus de prise de vue a pris beaucoup plus de temps que prévu initialement. Un autre obstacle était de s’assurer que les films ne soient pas exposés à la lumière lors des contrôles aux points de passage ou à l’aéroport.

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