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8 septembre 2024 14 h 47 min

La nostalgie, marchandise émotionnelle

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Katharina Niemeyer, Professeur à l’École de Médias et Directrice du Centre de Recherche Cultures-Arts-Sociétés de l’Université de Québec à Montréal, et qui a co-dirigé le livre Nostalgies Contemporaines. Médias, Cultures, et Technologies (Presses Universitaires du Septentrion, 2021), pense que le passé, lorsqu’il n’est pas réduit à une marchandise émotionnelle, peut féconder le présent.

Il est intéressant de constater que la nostalgie, qui a historiquement été perçue négativement, est maintenant largement valorisée. Comment peut-on décrire ce changement de perception ? On dirait que la nostalgie est maintenant plus appréciée. Les études en psychologie menées au début des années 2000 ont montré qu’elle peut être bénéfique lorsque nous nous sentons seuls, tristes ou en deuil.

Cependant, il ne faut pas négliger l’idée que la nostalgie peut également conduire à des débordements, en particulier dans le domaine politique, où une idéalisation excessive et unique du passé peut paralyser le présent et l’avenir. De nombreuses études montrent que la nostalgie peut donner une nouvelle vision du passé, elle peut être réflexive et prospective. Il y a une distinction à faire entre restaurer le passé tel qu’il semble avoir été et utiliser des parties du passé pour améliorer le présent et le futur sans tomber dans une idéalisation sans nuance.

De la réapparition du Walkman à celle du Polaroid, les références au passé sont omniprésentes dans notre vie actuelle ultra-connectée. Comment pouvons-nous interpréter cette omniprésence apparente de la nostalgie dans nos vies ?

L’attrait renouvelé pour les technologies d’autrefois ne se résume pas à une unique tendance. D’une part, il y a ce qu’on appelle la technostalgie, qui concerne les personnes désirant redécouvrir les anciennes technologies, qu’elles soient numériques ou analogiques, et en comprendre la manière dont elles fonctionnent. D’autre part, les gens ont un désir de revivre les expériences et moments sociaux qui sont liés à ces technologies, par exemple d’écouter un disque ou de manipuler des cassettes VHS. Cependant, il ne faut pas négliger le fait qu’en dehors de la nostalgie, ce regain d’intérêt peut aussi provenir d’un désir de ralentissement ou de déconnexion.

Les périodes de crises sont-elles des catalyseurs pour le sentiment nostalgique ?

La nostalgie s’intensifie souvent lors de périodes de crises, comme ce fut le cas durant la pandémie de Covid-19, ou face à des avancées, en tant que forme de résistance au changement. Ce phénomène joue donc comme un véritable moteur.

Quant au retour de certaines tendances, ce n’est pas un phénomène nouveau dans l’histoire : la nostalgie est naturellement cyclique. Cependant, le passé est devenu davantage visible, particulièrement avec l’arrivée du Web 2.0, ce qui peut nous donner l’illusion d’une accélération du phénomène nostalgic. Le marketing basé sur la nostalgie existe depuis longtemps déjà, mais la présence d’une esthétique nostalgique – que ce soit dans une publicité, une série télévisée rétro ou une campagne politique – ne signifie pas forcément que les consommateurs ou les spectateurs vont ressentir de la nostalgie.

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