Les réseaux sociaux se sont activement agités en réponse à des images diffusées le samedi 7 septembre à 8h par la chaîne de télévision privée Echourouk. Ces images montraient un rassemblement conséquent de jeunes hommes bien soignés devant une école de Telaghma, située dans la wilaya de M’Sila, à l’est de l’Algérie. La légende suggérait une « grande affluence ». Plusieurs observateurs ont supposé que ces hommes étaient des soldats, déployés pour donner l’impression d’un afflux massif d’électeurs pour le vote présidentiel, favorisant le président sortant Abdelmadjid Tebboune.
Même si beaucoup n’ont pas été dupes de cette mise en scène, l’image reflétait l’aspiration des autorités d’augmenter la participation de cette « fête électorale », comme la qualifient les médias locaux. Ils espèrent ainsi dépasser le taux de participation de 39,8%, enregistré lors des dernières élections présidentielles du 12 décembre 2019, remportées par M. Tebboune. Ce taux de participation avait été le plus bas de l’histoire des élections présidentielles en Algérie.
A Alger, un samedi semblable à un vendredi, la journée dédiée à la grande prière et au repos, a été observé. L’afflux attendu par les autorités sur les bureaux de vote dès 8h du matin ne s’est pas réalisé. Uniquement 2,28% des habitants d’Alger avaient voté à 10 heures, alors que le taux national n’atteignait que difficilement les 4,56%, selon l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Habituellement, la fréquentation est plus faible le matin dans les grandes villes, et elle s’accroît en soirée. D’après les statistiques, plus de vingt-quatre millions d’électeurs, dont 865 000 résidant à l’étranger, étaient appelés à voter. De ce nombre, 36% sont âgés de moins de 40 ans, qui sont potentiellement le groupe d’âge le plus non-participant.
Abdelamadjid Tebboune a dû faire face à deux candidats, Youcef Aouchiche, le premier secrétaire du Front des Forces Socialistes (FFS), et Abdelaali Hassani Cherif, le dirigeant du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), un parti islamiste. Ces deux opposants ont mené une campagne neutre, s’abstenant d’interroger l’actuel dirigeant sur son bilan et son programme.
Dans cette élection fortement contrôlée, l’abstention a été le principal obstacle pour M. Tebboune, un phénomène qui est devenu structurel en Algérie. Un ancien journaliste anonyme fait part de son avis : « Si Youcef Aouchiche et Abdelaali Hassani Cherif avaient pleinement assumé leur rôle d’opposants, cela aurait animé la campagne et aurait peut-être favorisé une participation plus forte. Néanmoins, en leur imposant un rôle limité, le régime a manqué une occasion d’éveiller l’intérêt des Algériens ».
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