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7 septembre 2024 18 h 44 min

Ukraine : Discuter en position de force

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Oleksandr Lytvynenko, 52 ans, ancien responsable du Service de renseignement extérieur ukrainien (SZRU), a pris les rênes du Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine (RNBO) en mars. Directement sous l’égide du président ukrainien, le RNBO est en charge de la coordination entre les différents services de sécurité et dirige la politique étrangère du pays. De façon moins officielle, le RNBO sert également de liant entre ces entités, la présidence et la société civile pour les questions stratégiques. M. Lytvynenko a donné une interview exclusive au Monde lors de sa visite à Paris le 6 septembre.

Il a été interrogé sur l’offensive de Koursk sur le territoire russe lancée le 6 août et si elle avait atteint ses objectifs. L’opération visait à protéger la région de Soumy, à perturber [Vladimir] Poutine et à stimuler le moral des Ukrainiens. La poursuite de l’opération dépend désormais de la compétence de nos militaires, en qui j’ai confiance. Cependant, les Russes ont suffisamment de ressources pour progresser vers Pokrovsk [dans la région de Donetsk]. C’est un succès substantiel, bien que cela n’altère pas la situation globale.

Interrogé sur la possibilité de négociations de paix dans le contexte actuel, M. Lytvynenko a estimé que la Russie n’était pas prête à entamer des discussions de fond. Le véritable défi est d’amener Poutine à la table des négociations. Les Russes ont une approche stratégique distincte de celle des Occidentaux et ne discuteront qu’en position de force. C’est pourquoi nous avons besoin d’aide pour nous armer et vaincre la Russie, sinon le conflit continuera sur d’autres territoires. Nous continuons néanmoins à mettre en place le plan de paix du président [Volodymyr] Zelensky, notamment en planifiant le prochain forum pour la paix.

En tant que secrétaire du RNBO, notre objectif principal est de soutenir le président Zelensky en lui offrant notre expertise pour assurer la sécurité nationale. Nous lui soumettons des analyses et présentons des propositions ou décisions pour faciliter son travail.

Sa fréquence de rencontre avec nous varie en fonction de son agenda, mais généralement, nous, qui nous chargeons de la sécurité et de la guerre, avons une réunion hebdomadaire.

Quant à la question de la propagande russe en Occident, la Russie s’est taillée une grande réputation depuis l’époque soviétique. Elle a utilisé un large éventail d’outils pour contrer l’Occident, allant des mouvements pacifistes aux partis communistes. Maintenant, la stratégie ne consiste pas à dépeindre l’Occident comme mauvais et la Russie comme bonne, mais plutôt à semer la confusion. Leur objectif est de persuader que tous ces pays sont malhonnêtes et corrompus, dans le but de déstabiliser et de ternir l’image de l’Occident. Lorsque le doute est semé, ils peuvent imposer leur narration. Pour contrer cette propagande, nous devons lutter contre la désinformation et mettre fin à l’anonymat sur Internet. Il y a aussi une solution simple: soutenir l’Ukraine pour qu’elle gagne cette guerre. Le reste de cet article est réservé à nos abonnés.