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7 septembre 2024 20 h 49 min

Le modèle masculin actuel : l’homme souris

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Il est impossible de l’ignorer. Depuis quelques mois, une nouvelle tendance sur les médias sociaux fait rage, faisant référence aux hommes qui ont des traits similaires à ceux des rongeurs mais qui sont néanmoins attrayants – les « hot rodent men » en anglais. Ces hommes sont reconnus par leur visage insolite, avec un nez proéminent, des oreilles un peu pendantes ou écartées, des yeux rapprochés et généralement des traits délicats et une silhouette peu athlétique. Un look qui s’écarte des normes traditionnelles de la beauté masculine mais qui devient de plus en plus attrayant. À tel point qu’un acronyme suggestif a émergé, les RILF (Rodent I’d like to fuck).

Certains des plus emblématiques de ces « hommes-rodents » incluent des acteurs tels que Timothée Chalamet, Jeremy Allen White (la vedette de la série The Bear), Josh O’Connor et Mike Faist (acteurs du film Challengers) et Adam Driver. En France, le nom de Pierre Niney est couramment mentionné.

Cependant, beaucoup d’hommes considèrent ce terme comme insultant, malgré son apparente affection. « Franchement, qui serait heureux d’être comparé à un rat? C’est absurde », critique un individu anonyme sur X. D’autres soulignent l’incohérence de ces « égéries », comme Jeremy Allen White, qui a récemment été la figure de la campagne publicitaire de Calvin Klein, représentant l’image classique de la virilité. Ses admirateurs répliquent que c’est précisément ce qui fait de lui un « rongeur torride ». En définitive, l’image de l' »homme-rodent » est pleine de contradictions.
Un aspect original.

En dépit de la mode, le mot indique des changements plus radicaux. Les hommes qui sont comparés à des rongeurs remettent en question la hiérarchie conventionnelle de l’attrait masculin et le clivage traditionnel entre les sexes. Le sociologue Daniel Welzer-Lang, un expert en matière de masculinité et l’auteur du livre Autobiographie d’un mec sociologue du genre (Erès, 2022), explique : « Il s’agit d’une évolution logique. La conception de la masculinité change au fur et à mesure que les droits des femmes et des personnes LGBTQI progressent. Les hommes et les femmes progressistes optent de plus en plus pour des masculinités qui s’écartent des normes traditionnelles. L’homme rongeur est souvent mince, discret et intellectuel. Il n’est pas un habitué des salles de gym et ne met pas sa virilité en avant. »

En effet, à une époque où les réseaux sociaux font la promotion d’une image corporelle parfaite et bien soignée, l’homme-rongeur attire par son côté décalé. « De nombreuses femmes qui ont été victimes de violence sont rassurées par des hommes qui ne manifestent pas une masculinité dominante, analyse Daniel Welzer-Lang. Il y a cinquante ans, le symbole de la virilité était Alain Delon, le “Guépard”. Aujourd’hui, cette image de virilité prédatrice est sérieusement ébranlée. »

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