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6 septembre 2024 12 h 43 min

Fuite du créateur de TinyNuke

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Il était supposé que ce soit l’ultime démarche juridique avant le retour à la vie normale d’Augustin Inzirillo, après une épopée de cybercriminalité entamée à la fin de son adolescence. Toutefois, son évasion en Abkhazie, une région sécessionniste de la Géorgie sous la protection russe, a mis en péril ce dénouement. Suite à l’absence d’Inzirillo le jeudi 5 septembre, les juges de la 13e chambre correctionnelle ont prononcé une condamnation à trois ans de prison, dont la moitié avec sursis, contre cet autodidacte en informatique âgé de 26 ans, et ont également délivré un mandat d’arrêt.

Cette sentence dépasse considérablement les demandes du ministère public qui avait requis trois ans avec sursis, admet Guillaume Daïeff, président du tribunal. Néanmoins, les juges jugent que le voyage en Abkhazie où Inzirillo reste introuvable depuis plusieurs mois relève d’une « évasion ». Audrey Gerbaud, procureur-adjointe, a noté plus tôt la proximité de cette zone avec la Russie, un pays connu pour sa clémence à l’égard des cybercriminels. Elle soupçonne une possible récidive. Dans une lettre lue au début de l’audition, Inzirillo exprimait son désir d’assister à son procès mais mentionnait l’impossibilité de se rendre en Géorgie pour prendre un vol en raison d’un problème de visa. Il concluait en affirmant qu’il serait heureux de comparaître une fois libre de voyager.

Augustin Inzirillo a été traîné en justice pour avoir créé un logiciel malintentionné, TinyNuke, sept ans auparavant. De mars à septembre 2018, ce logiciel bancaire nuisible a été propagé grâce à des tentatives de phishing. Le simple fait d’ouvrir le lien dans les emails reçus déclenchait le téléchargement du logiciel. Il était conçu pour extraire des informations sensibles, comme les paires identifiant et mot de passe, mais également pour initier des transactions automatisées lors de l’accès à des sites bancaires.

Augustin Inzirillo prétend que son programme a été utilisé par des hackers algériens, avec qui il a été mis en relation par Hamza Bendelladj, un ponte de la cybercriminalité alors incarcéré aux États-Unis. L’enquête a révélé une trentaine de transactions bancaires frauduleuses, dont onze ont réussi, aboutissant au transfert de près de 100 000 euros à partir des comptes de sept victimes. Augustin Inzirillo aurait reçu environ 10 000 euros par mois en retour.

Robin Binsard, son avocat, soutient qu’Augustin Inzirillo est un jeune homme qui a joué avec le feu. Il cherchait la reconnaissance et voulait être remarqué, mais sa création, son programme, l’a surpassé. Le jeune homme, originaire de Californie et arrivé en France à l’âge de 12 ans, était alors en pleine spirale de descente. Il a quitté le lycée quelques années plus tard pour se plonger dans une combinaison explosive de jeux vidéo excessifs et de codage de logiciels malveillants.