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6 septembre 2024 19 h 50 min

Diana : amour et violence au Mexique

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« Sabine Guez, une ancienne journaliste qui est devenue anthropologue, a rédigé son premier livre intitulé « L’Histoire de Diana : Trafic de drogues et politique du nord du Mexique », publié par Anacharsis sous la collection « Les ethnographiques » et vendu à 21€. Ce livre compte 252 pages et est basé sur les expériences de Guez qui a vécu à Ciudad Juarez, une ville située au nord du Mexique, depuis 1998. Cette ville, qui est borderé par le rio Bravo (ou rio Grande) et El Paso, Texas, est l’endroit privilégié pour le trafic de drogues vers les Etats-Unis, ce qui la rend l’une des villes les plus dangereuses au monde. Selon Amnesty International, entre 1993 et 2008, plus de 1 653 cadavres de femmes ont été trouvés dans cette ville. En 2024, le nombre de morts violentes recensées était de cent par mois.

Guez a consacré son ouvrage aux expériences personnelles des habitants de cette ville, en particulier celle d’une femme nommée Diana et de son mari Gilberto Ontiveros, alias « El Greñas » (ou « la tignasse » en français), qui était un acteur majeur dans le trafic de marijuana dans les années 1970-1980. Cette histoire est le fruit de sa thèse intitulée « Une anthropologie de l’ordinaire du trafic de drogue ». Pour Guez, le but de son enquête est de comprendre les dynamiques sociales et politiques de la région du rio Bravo en étudiant comment les gens y vivent. Guez se focalise particulièrement sur la vie de Diana et se demande comment elle a fini par épouser l’un des criminels les plus notoires de la région. »

On ne pourrait jamais imaginer que Diana et Gilberto, aux origines radicalement différentes, se croiseraient un jour. Née dans une famille politisée, Diana était fière de ses racines nobles. Quant à Gilberto, il est né dans la pauvreté et a gravi l’échelle sociale à partir de rien, commençant sa vie comme un simple employé dans le domaine du trafic. Sa fortune a fini par s’accumuler, mais Diana n’était pas à la recherche de richesse. Quoi qu’il en soit, leur histoire ne s’arrête pas là. Lorsque Sabine Guez a rencontré Diana en 2006, cette dernière avait 53 ans et s’était séparée de Gilberto depuis longtemps. Elle a admis avoir fait une erreur en épousant Gilberto, mais sa narration est contradictoire et incertaine. «C’était une aventure», a-t-elle déclaré évasivement. Ensemble, ils étaient «sur le coup». Pourtant, rien n’explique clairement ses décisions qui, des années plus tard, la perturbent toujours.

«Les trafiquants sont prisés»
C’est le cours habituel de la vie : les sentiments qui vous capturent semblent clairs, mais ils évoluent, et finalement vous ne savez plus quoi en penser. La beauté du livre réside dans sa capacité à préserver cet aspect fluctuant de l’existence, sans lequel une biographie deviendrait une fiction théorique, tout en ne s’arrêtant pas à cela. Entre les lignes du subconscient, l’auteure parvient à identifier les problématiques qui transcendent les individus et contribuent à justifier leurs décisions. Des décisions qui, selon elle, sont toujours «à moitié». Et comme toujours, l’autre moitié est sociale.

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