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5 septembre 2024 22 h 47 min

Sarkozy: audience financement libyen

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Habituellement, les séances de fixation n’attirent pas beaucoup de monde. Ces réunions permettent aux avocats et aux juges de planifier de longs procès en discutant des dates, des éventuelles irrégularités de procédure et des parties civiles désireuses de se constituer. Cependant, l’audience de fixation du procès lié aux allégations de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, qui est prévue à partir du 6 janvier 2025 au tribunal de Paris, a pris un tournant différent jeudi 5 septembre. Nicolas Sarkozy est renvoyé avec douze autres personnes.

Dans une grande salle aux bancs remplis, Me Christophe Ingrain, l’un des avocats de la défense, a remis en question l’authenticité d’un document crucial pour l’enquête – une note publiée par Mediapart en 2012. Cette note, écrite par Moussa Koussa, chef des services de renseignements extérieurs libyens, stipulait l’engagement de Tripoli à verser 50 millions d’euros à la campagne de Nicolas Sarkozy. Selon l’avocat, si cette note est un faux, l’affaire construite sur cette base s’effondrerait.

Me Ingrain va plus loin en accusant le Parquet national financier (PNF) et un enquêteur de dissimulation d’éléments de preuve. Ces derniers n’auraient pas inclus dans le dossier du financement libyen deux documents qui contestent l’authenticité de la note de Moussa Koussa. Ils avaient connaissance de ces documents grâce à une autre procédure à l’encontre de Nicolas Sarkozy qu’ils menaient simultanément – l’enquête sur la rétractation soudaine et médiatisée de Ziad Takieddine en novembre 2020.

Selon un ancien officier du renseignement libyen travaillant à l’ambassade libyenne en France et une analyse déclassifiée des services de renseignement français, il existe plusieurs facteurs qui démontrent la fausseté du soi-disant document officiel libyen, affirme l’avocat. Parmi ces facteurs, il a souligné l’incompatibilité entre les deux calendriers, français et libyen, mentionnés dans le document, la programmation d’une réunion un vendredi, un jour de congé en Libye où aucune réunion n’est prévue, et l’utilisation de l’encre verte pour la signature de Moussa Koussa qui est généralement exclusivement utilisée par Mouammar Kadhafi.

Il a également demandé au tribunal de solliciter auprès des services de renseignement français toutes les notes sur la note libyenne et les allégations de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. Cette demande n’est pas dilatoire, soutient-il, malgré le fait que le procès ne puisse se dérouler si ces documents ne sont pas fournis à temps.

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