Il est en cours une intense lutte pour qui succédera à Rishi Sunak et déterminera la future direction politique du Parti conservateur britannique. Suite à leur déroute électorale historique face au Parti travailliste, on se demande si le parti continuera sur sa voie radicale ou s’il reviendra vers le centre, renonçant à sa fixette sur l’immigration et au populisme brexiteur. Nous devrons attendre début novembre pour obtenir une réponse à cette question, lorsque le nouveau leader des conservateurs sera choisi, un choix qui sera crucial. Mercredi 4 septembre, après un premier tour d’élections éliminatoires parmi les députés du parti, cinq candidats étaient encore en course pour devenir le principal opposant au Premier ministre, Keir Starmer. Priti Patel, ancienne ministre de l’intérieur de Boris Johnson et également candidate, a été éliminée sans ménagement.
Tous les candidats sont d’ex-ministres de Rishi Sunak : Kemi Badenoch, James Cleverly, Robert Jenrick, Tom Tugendhat et Mel Stride. « Aucun d’entre eux n’est très populaire pour le moment », prévient Luke Tryl, directeur de l’institut de sondage More in Common. Néanmoins, le processus de sélection devrait être familier aux britanniques, ayant vu passer cinq leaders conservateurs différents depuis 2016 (David Cameron, Theresa May, Boris Johnson, Liz Truss et Rishi Sunak).
Il appartient maintenant aux 121 députés conservateurs survivants du désastre du 4 juillet à la Chambre des communes de trancher parmi les candidats lors de votes successifs, jusqu’à ce qu’il n’en reste que deux. Ensuite, environ 170 000 membres du Parti conservateur les départageront par vote par correspondance.
« Désespoir » et « colère » sont les sentiments dominants.
Parmi les cinq postulants à la candidature, Tom Tugendhat, âgé de 51 ans et ancien secrétaire d’État à la sécurité, est le plus modéré. Il est également seul à avoir le courage de porter un jugement sévère sur les gouvernements conservateurs successifs depuis 2010. Ancien soldat de l’armée britannique ayant servi en Irak et en Afghanistan, il a entamé sa campagne mardi dernier. Selon lui, le parti doit présenter des excuses aux citoyens britanniques pour avoir manqué de sérieux dans la gouvernance, surtout pendant la crise du « partigate » (les fêtes organisées à Downing street en pleine pandémie de Covid-19). M. Tugendhat assure avoir ressenti à la fois désespoir et colère face à la conduite du dernier gouvernement Tory, dont il faisait partie, dirigé par Rishi Sunak.
D’un autre côté, Kemi Badenoch, âgée de 44 ans, a adressé ses propres critiques aux cabinets conservateurs. Ancienne titulaire du portefeuille du commerce en 2023 et 2024, elle estime que leurs prises de position n’étaient pas suffisamment à droite. Elle accuse les cabinets de prétendre être de droite alors qu’ils agissaient en réalité à gauche. Si elle gagne la tête du parti, elle s’engage à en faire une formation qui n’a pas peur d’affirmer son caractère conservateur. Membre de la faction radicale pro-Brexit, Mme Badenoch ne craint pas les controverses. Elle est souvent la première à réagir sur les sujets d’actualité, comme le gender, pour souligner leur aspect biologique.
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