L’histoire de Nawal, son conjoint et leurs cinq descendants est un témoignage édifiant des politiques répressives croissantes à l’égard des réfugiés syriens actives des deux côtés de la Méditerranée. Ils ont fui la Syrie, en guerre en 2013, pour se réfugier au Liban où ils sont restés pendant une décennie avant d’envisager un départ pour Chypre afin de fuir leur situation de plus en plus instable au Liban. Cependant, ils sont retournés au Liban avant d’être renvoyés en Syrie.
D’après un document de l’ONG Human Rights Watch (HRW) divulgué le mercredi 4 septembre, ces derniers font partie des 16 réfugiés et demandeurs d’asile de la Syrie qui ont tenté un exil secret du Liban par la voie maritime entre août 2021 et septembre 2023. Ils ont été confrontés à des réexpéditions et des refoulements par les autorités chypriotes et libanaises, allant jusqu’à retourner en Syrie pour certains. Ces agissements opposent les conventions internationales et notamment celles européennes.
Ces réfugiés n’ont reçu aucune explication du rejet de leur requête pour la protection internationale. Certains ont été maltraités par les fonctionnaires libanais ou chypriotes, par exemple grâce à des détentions injustifiées, l’utilisation non-justifiée de la force et la confiscation de leur identité et de leur téléphone. « Notre revue est basée sur des cas authentifiés jusqu’en 2023, mais nous avons la certitude que cela perdure », indique Nadia Hardman, l’une des auteures du compte-rendu.
Human Rights Watch (HRW) a mis en évidence la responsabilité du Liban, de Chypre et de l’Union européenne (UE) dans la gestion des flux migratoires. De 2020 à 2023, l’UE et d’autres pays européens ont alloué 16,7 millions d’euros pour financer des programmes de formation et d’équipement des forces de sécurité libanaises. Ces programmes visent à renforcer le contrôle des frontières et empêcher l’immigration illégale. En mai dernier, l’UE a annoncé une aide financière additionnelle de un milliard d’euros au profit du Liban pour les quatre prochaines années, une partie de cette somme étant destinée au maintien de ces programmes.
Ramzi Kaiss, chercheur à la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, critique le fait que, malgré ces investissements, l’UE et les Etats donateurs n’ont pas réussi à assurer que ces fonds ne contribuent pas à des violations des droits de l’homme. Il souligne l’absence de processus d’évaluation rigoureux et de mesures conditionnant le financement au respect des droits de l’homme.
En ce qui concerne la situation entre Chypre et le Liban, la Commission européenne affirme « surveiller attentivement » le sujet, tout comme le Haute Commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR). Face à des allégations de malversations, la Commission souligne qu’il revient aux Etats membres de mener des enquêtes exhaustives et indépendantes. Selon la Commission, tous les Etats membres de l’UE doivent respecter leurs obligations en matière de droit d’asile et de droit international, notamment en garantissant l’accès aux procédures d’asile.
Vous avez encore 56.77% de cet article à parcourir. L’accès à la suite est exclusivement pour les abonnés.
Laisser un commentaire