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5 septembre 2024 14 h 06 min

OGM: Autorité européenne accusée de conflits

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L’organisation non gouvernementale allemande, Testbiotech, a récemment critiqué la décision de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de nommer des scientifiques ayant des liens étroits avec l’industrie biotechnologique dans son groupe d’experts sur les organismes génétiquement modifiés (OGM). Testbiotech estime que presque la moitié de ces experts, installés en juillet pour une durée de cinq ans, sont en conflit d’intérêts.

Cette situation suscite une inquiétude particulière, principalement à cause des divergences d’opinions au sein de la communauté scientifique sur la question des « nouveaux OGM », générés par des techniques génomiques modernes (NGT). En effet, les conclusions de l’EFSA à ce sujet sont la base des projets de la Commission européenne visant à déréguler ces nouvelles plantes.

Le dernier avis de l’EFSA, adopté en juin et favorable à une dérégulation généralisée de ces cultures, a été notamment contredit par les expertises de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en France, ainsi que par celles d’agences environnementales officielles en Allemagne et en Autriche.

D’après l’analyse de Testbiotech, parmi les seize spécialistes du récent comité OGM de l’EFSA, sept sont « profondément impliqués dans la création de plantes génétiquement modifiées, certaines produites grâce aux “nouvelles méthodes génomiques”. » De ces experts, cinq ont participé ou participent encore à des projets commerciaux avec les entreprises Limagrain, Syngenta ou Corteva, complète l’ONG dans son étude. Par ailleurs, cinq sont reconnus comme inventeurs de brevets industriels et six ont eu ou ont actuellement des rôles dans des activités de plaidoyer favorables aux biotechnologies, souvent liées à la dérégulation des plantes dérivées des NGT.

Sur l’accusation de lobbying, l’EFSA rétorque : « Nous examinons avec rigueur les intérêts de tous nos spécialistes, conformément à notre règle d’indépendance, largement reconnue comme étant l’une des plus sévères parmi toutes les organisations publiques européennes. Si nous détectons un possible conflit d’intérêts lors de nos contrôles, nous prenons des mesures rigoureuses pour empêcher ce spécialiste de participer à tout travail scientifique en rapport. Cependant, il est important de noter que posséder un intérêt n’entraîne pas forcément un conflit d’intérêts. »

L’agence européenne affirme également qu’elle publie toutes les déclarations d’intérêts de ses experts, une politique de transparence qui « permet à des ONG comme Testbiotech d’examiner notre travail ». Néanmoins, l’ONG allemande prétend avoir aussi découvert, dans plusieurs situations, des activités de plaidoyer non révélées dans les déclarations d’intérêts publiées par l’EFSA.

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