Le désir de modifier la perception du handicap par le biais des Jeux paralympiques requiert que les représentations visuelles offertes, qui génèrent des bénéfices pour le Comité International Olympique (CIO), les médias, et les sponsors, ne négligent pas une portion significative de la population touchée.
En revanche, par exemple, les athlètes avec trisomie 21 et ceux identifiés comme autistes sans déficience intellectuelle, ne sont pas autorisés à participer à ces jeux. Toutefois, la Fédération française du sport adapté (FFSA) les accueille, et ils prennent part aux Jeux Globaux, véritable compétition mondiale dirigée par la fédération internationale dédiée à leur catégorie, dans des divisions distinctes et parallèlement à celle regroupant les participants avec une déficience intellectuelle.
Pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, les athlètes qui font partie de l’une des trois catégories de déficience sélectionnées : motrice, visuelle et intellectuelle, peuvent participer. Cette dernière, bien représentée dans la population, est ici peu évidente : environ 150 sur les 4 400 participants à ces jeux, six parmi les 237 Français, pour uniquement trois sports et 19 compétitions sur 549.
La fraude des joueurs de basket espagnols
Cette présence minimale est souvent attribuée à la fraude des basketteurs espagnols, qui ont remporté les Jeux de Sydney en 2000, mais la plupart d’entre eux n’avaient pas de déficience intellectuelle. Par conséquent, les sportifs « mentalement handicapés » ont subi une sanction collective, étant dorénavant totalement exclu des Jeux futurs.
Les athlètes ayant une déficience intellectuelle ont retrouvé leur place dans les Jeux de Londres en 2012, après l’établissement de tests permettant de confirmer l’impact de leur handicap sur leur performance sportive. Cependant, leur participation était limitée, car le Comité International Olympique (CIO) fixe un nombre maximum de participants aux Jeux Olympiques et Paralympiques, par exemple, en 2024, le plafond a été fixé à 4 400 athlètes pour ces derniers. Donc, l’ajout d’une discipline, d’une compétition ou d’une catégorie de sportifs nécessite la suppression d’une autre pour rester dans les quotas établis.
C’est précisément cet argument de quota qui a été invoqué pour refuser la création d’une catégorie dédiée aux athlètes atteints de trisomie 21. Le réalisateur Artus a entendu le même argument lorsqu’il a rencontré des producteurs hésitant à soutenir son film, Un p’tit truc en plus. Lors d’une interview pour France Inter le 11 mai, il a révélé qu’un des producteurs a déclaré qu’il n’osait pas aborder ce sujet car ils avaient déjà alloué tous leurs budgets.
La même réticence a été exprimée par des marques de luxe qui ont initialement refusé de prêter des tenues de soirée à l’équipe du film pour leur apparition à Cannes. Selon Artus, leur justification repose sur le même argument de quota : ils auraient déjà prêté tous leurs costumes. Le réalisateur a cependant exprimé son scepticisme quant à la véracité de cette explication.
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