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Ébullition dans les bistrots : les bouillons

Lorsqu’on s’approche de Chez Lucette, on est d’abord frappé par l’ampleur de son parking. S’étendant à perte de vue avec son asphalte, ses nombreuses places de stationnement et ses jeunes arbres plantés à proximité de la rocade de Blois, toujours bruyante. L’établissement, inauguré en octobre 2023, est situé dans l’un de ces centres commerciaux qui ont éclos en périphérie de la ville, conçus davantage pour les achats en voiture que pour bien manger. Dans les environs, on ne trouve guère plus qu’un Buffalo Grill et une pizzeria pour apaiser sa faim.

Chez Lucette se distingue de loin, telle un phare culinaire, avec ses longs stores à rayures rouges et blanches. À l’intérieur, on tombe sur un décor qui évoque une époque que seuls ceux qui ont plus de 80 ans peuvent connaître : des banquettes rétro, des nappes à carreaux, des bouquets d’abat-jour à franges suspendus aux hauts plafonds. De vieilles valises sont dispersées ici et là, tandis que des serveurs habillés de costumes sombres, avec nœud papillon et tablier, se déplacent entre les tables, renforçant l’illusion d’un hall de gare du début du siècle précédent.

Derrière cette reconstitution se trouve Jean-François Feuillette, déjà à l’origine du réseau de boulangeries-pâtisseries qui porte son nom. Le succès des bouillons parisiens a poussé cet entrepreneur à lancer une autre franchise. « Qu’est-ce qu’un bouillon ? Un menu abordable, une cuisine faite maison, simple mais délicieuse », explique le propriétaire, assis à une table du restaurant.

La majorité des repas coûtent une douzaine d’euros. Les tomates farcies, livrées par paire, débordent d’une garniture généreuse, reposant sur un lit riz imbibé de bouillon et garni de ciboulette. La crème brûlée à la saveur vanille bourbon est à 5,50 euros. Jean-François Feuillette observe autour de lui, « Regardez autour de nous : il y a des familles, des couples jeunes, des grand-mères, le chef d’une entreprise comptable… Ce que nous servons ici s’adresse à tout le monde. Et on peut bien manger sans perdre deux heures en voiture pour atteindre le centre-ville et se garer. »

Le restaurant a déjà une multitude de clients fidèles et des plats symboliques : le quart de poulet rôti et sa purée maison, la blanquette de veau au riz pilaf. Son succès fait écho à celui d’un certain nombre d’établissements qui ont vu le jour ces dernières années : Bouillon Armand à Bayonne, avec son pâté au piment d’Espelette; Bouillon A de Christophe Aribert, un chef étoilé à Grenoble, et ses ravioli au poivron rouge; Bouillon Morny à Deauville, avec son tarama maison; Bouillon Flers dans l’Orne, et ses tripes à la mode de Caen… Ce renouvellement se voit partout en France. Preuve que le modèle du bouillon, vieux de plus de 150 ans, fonctionne encore et pas seulement à Paris !

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