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5 septembre 2024 12 h 35 min

« Debrief Vacances Bureau: Moment Stratégique »

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Sans aucun doute, le partage des récits de vacances est l’un des aspects les plus redoutés de la vie professionnelle. Il peut être épuisant de répéter sans cesse vos récits de voyage auprès de la machine à café, comme quand on raconte comment on a nagé avec des otaries lors du coucher de soleil, ce qui semble absolument fantastique ! En revanche, l’écoute de ces récits est tout aussi fatigante. Vos vacances révèlent beaucoup de choses sur vous et de ce fait, la discussion post-vacances est d’une grande importance stratégique, un exercice souvent aussi spontané qu’une réaction post-match de Didier Deschamps.

Cela dit, après mon retour de vacances, j’ai observé que cette coutume redoutable semblait subir une transformation. Un collègue que j’ai croisé par hasard dans un couloir, plutôt que de me raconter une anecdote exotique aussi étonnante qu’un mobile fait de bois flotté, m’a parlé de son expérience estivale dans un camping des Rocheuses où il a dû faire face à « the pit ». Cette expression anglaise, que l’on traduit en français par « le puits », fait référence à une toilette communautaire sans système d’évacuation, et « même pas sèche », comme il m’a précisé. Le but étant que chacun contribue à une accumulation massive de matières fécales. Cet angle narratif m’a semblé particulièrement original du fait de son audace et m’a fait penser qu’une nouvelle ère était peut-être en train de s’annoncer.

Récemment, l’épopée des vacances s’articulait autour d’un genre de publicité basée sur une petite différence sur un fond de charme exotique. Vos partenaires de travail s’échappaient à l’île de Ré, tandis que vous choisissiez Houat. Ils optaient pour du déval’kart, pendant que vous préfériez la via ferrata. De cette façon, vous vous inscriviez à la carte postale universelle, tout en faisant un léger détour pour affirmer votre individualité. Le souci est que lorsque tout le monde fait la même déviation, finalement tout le monde se retrouve au même lieu. Avec Santorin plein de postulants pour les selfies, on ne peut plus se contenter d’un récit de vacances quelconque disant simplement ‘j’étais là’.

La modération est à la mode

Partager votre semaine de plongée avec tuba dans le golfe du Mexique ne séduira plus personne, mais ajoutera un soupçon d’éco-criminalité à votre encontre. Dans son livre « Renoncer aux voyages. Une enquête philosophique », la philosophe Juliette Morice écrit : « On comprend que la réticence à voyager pour le plaisir, dans un contexte de crise climatique, puisse avoir d’autant plus de poids qu’augmentent parallèlement les voyages contraints – exils et migrations forcées, ô combien dramatiques ».

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