Clément Méric, ancien chef de cabinet de Gérald Darmanin, a été nommé directeur de cabinet de Bertrand Gaume, préfet de la région Hauts-de-France et de la zone de défense et de sécurité Nord, le 31 août. Cette nomination stratégique lui confère le rôle de surveiller la sureté civile et publique et de représenter l’Etat, en plus de gérer la communication de la préfecture dans les régions les plus densément peuplées de la France. Cependant, sa nomination a provoqué des remous car elle est intervenue pendant une période de transition gouvernementale qui requiert généralement la suspension de ce genre de nominations.
En outre, la nomination de Méric a nécessité quelques interprétations juridiques. Depuis l’éradication du corps préfectoral et la réformation de la haute fonction publique, seuls ceux ayant servi en tant que fonctionnaires de catégorie A ou qui ont assumé des fonctions de responsabilité équivalentes pendant au moins huit ans étaient éligibles pour ce poste. Méric, cependant, ne remplissait ni l’un ni l’autre de ces critères. Diplômé de Sciences Po en 2016, Méric a commencé sa carrière en tant que chef de projet au service d’information du gouvernement (SIG) en 2018, avant de rejoindre le cabinet de Gérald Darmanin en 2019. Il a par la suite suivi Darmanin, d’abord en tant que conseiller presse et déplacements, puis en tant que chef de cabinet à compter de 2022. Le poste a donc dû être rétrogradé pour permettre son embauche à la fin du mois d’août.
Dans le but de surpasser ce problème légal, Gérald Darmanin a apporté une modification par décret à la classification du poste le 29 août, juste deux jours avant de nommer Clément Méric. De ce fait, la préfecture du Nord est passée de la catégorie des 20 préfectures majeures, où le poste de chef de cabinet est dédié au « groupe III », à une des soixante préfectures de moindre envergure répertorées dans le « groupe IV ». Ce groupe accueille des candidats variés avec des critères d’expérience plus flexibles mais un salaire moins élevé.
« Ce système de catégorisation, bien que décidé de façon unilatérale par le ministère de l’intérieur, est supposé représenter l’importance du poste », déclare Antony Taillefait, spécialiste en droit public à l’université d’Angers. Cependant, il est indéniable que le Nord est une préfecture de taille. « Cette démarche, bien que totalement légale, semble stratégiquement planifiée et soulève des questions légitimes », souligne Gildas Tanguy, chargé de cours en politique à Sciences Po Toulouse.
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