La substance humide de la mousson, venue au milieu de juin, a immergé Chhindwara, située au cœur de Madhya Pradesh, en Inde, transformant l’air en une étouffante vapeur salvatrice pour la faune, mais insupportable pour les humains. Toutefois, aucune plainte n’est émise ; sans cette bénédiction divine, aucun organisme ne pourrait survivre ici, en particulier le coton, la principale activité agricole du Madhya Pradesh, aux côtés du maïs et des oranges.
Dans les terres agricoles, les plantules ont déjà fait leur apparition au début de juillet. On peut y voir des bandes de femmes en sari, courbées en train de planter de nouvelles graines avec l’utilisation d’un sécateur, dans le but de maximiser la future récolte de l’or blanc. Celle-ci ne débutera pas avant novembre ; d’ici là, de nombreux accidents peuvent se produire qui éliminent les espoirs des petits agriculteurs de Chhindwara : des nuisibles, des maladies, des phénomènes météorologiques et des animaux sauvages, notamment les tigres qui sont nombreux dans cette région. La superficie moyenne des fermes est inférieure à 1.8 hectare, générant ainsi un maigre revenu.
A 40 ans, Sagar Dhomne a traversé diverses périodes, tant prospères que difficiles, mais il démarre une nouvelle saison avec enthousiasme et un sourire indéfectible. À Jobani, une localité de cent cinquante foyers principalement de caste défavorisée, il a repris une petite exploitation agricole héritée de son aïeul, une parcelle légèrement plus grande qu’un hectare dédiée à la culture de coton et lentilles, entourée de tecks. Le fermier, en agrippant une portion de sol explique qu’elle est fertile, regorgeante de vie. « Observez tous ces vers de terre, leur rôle est crucial dans l’aération du sol et la circulation de l’eau, maintenant le sol humide. » Les activités des pollinisateurs et autres insectes bénéfiques ont aussi repris dans ce lopin de terre.
Jusqu’à l’année 2019, il utilisait une variété de coton génétiquement modifiée tout comme avait fait son père et épandait ses champs d’engrais chimiques et de pesticides. Au fil du temps, la qualité de ses sols s’est dégradée, ils se sont asséchés et n’étaient plus aussi fertiles. Aujourd’hui, il se consacre uniquement à la culture bio. Sagar Dhomne nourrit et protège ses plants en utilisant des produits naturels locaux : un compost fait à partir de déchets végétaux, des engrais à base de feuilles fermentées, d’arbres et d’urine de vache, et des antiparasites provenant de déjections de vache et de plantes médicinales.
Il s’est joint à un groupe d’agriculteurs volontaires, sollicités par le Fonds mondial pour la nature (WWF), pour essayer de restaurer une région stratégique riche en biodiversité, mais fragilisée par les activités humaines. Le Madhya Pradesh héberge la plus grande population de tigres de l’Inde, soit 785 sur 3 682, d’après les derniers recensements.
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