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4 septembre 2024 1 h 09 min

« Paul Watson contre Japon: épreuve longue »

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Le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, le capitaine Paul Watson, est détenu depuis six semaines dans un centre pénitentiaire de Nuuk, au Groenland, en attente de sa décision judiciaire. Le 4 septembre, le tribunal de la ville doit décider de prolonger sa détention temporaire, déjà confirmée lors d’une audience précédente le 15 août, ou de le libérer sous caution. Le gouvernement danois, responsable du Groenland, doit également statuer sur une demande d’extradition du Japon, pour laquelle aucune annonce de date n’a été faite.

Parallèlement, mercredi, une manifestation de soutien à Watson, défenseur des cétacés et de la vie marine, est prévue à Paris, place de la République. Hervé Berville, l’ancien secrétaire d’État à la mer et à la biodiversité, a annoncé sa participation. Cette saison, le soutien pour le Canadien-Américain de 73 ans s’est manifesté de plusieurs façons, avec des manifestations organisées dans plusieurs villes françaises, son pays d’accueil à maintes reprises. Des personnalités publiques telles que la naturaliste Jane Goodall, l’océanographe célèbre Sylvia Earle, l’acteur Pierce Brosnan, le réalisateur James Cameron, ainsi que Brigitte Bardot et le président Emmanuel Macron ont publiquement pris la défense de Watson. Plus de 100 000 personnes ont signé une pétition demandant sa libération.

Le 21 juillet, Watson a été arrêté à bord de son bateau, le John-Paul-DeJoria-II, lors d’un ravitaillement en carburant dans le port de la capitale du Groenland. Son arrestation et son menottage immédiat faisaient suite à un mandat d’arrêt international délivré contre lui par Tokyo, qui a demandé son extradition dix jours plus tard.

La volonté de la pêche industrielle japonaise d’arrêter les opérations de l’activiste surnommé « l’écoterroriste » persiste depuis des années. Cet homme barbu a fait parler de lui en 1986 en coulant deux navires de chasse à la baleine en Islande, tout en se plaçant souvent entre les baleines et les chasseurs. Son engagement rappelle la longue poursuite du capitaine Achab du célèbre cachalot blanc de Moby Dick, relatée dans le roman de Herman Melville. Les chasseurs de baleines se souviennent encore des actions du militant qui se sont produites dans l’Océan Austral en février 2010, et ont rapporté l’affaire à Interpol en 2012.

Selon Interpol, les accusations japonaises envers M. Watson concernent « l’intrusion sur un navire, les dommages matériels, l’interférence dans les opérations et les actes de violence », le tout lié à deux incidents contre des baleiniers japonais. Malgré l’absence récente de son avis de recherche rouge sur le site de l’Organisation internationale de police criminelle, cela ne signifie pas qu’il a été désactivé. En effet, la plupart d’entre eux ne sont distribués qu’aux services responsables de leur mise en œuvre et seulement environ 10% sont rendus publics. Autrement dit, une procédure n’a pas besoin d’être publique pour être mise en œuvre ailleurs dans le monde, même pour des infractions mineures, qui sont de plus en plus contestées.