Le mardi 3 septembre, le Parlement nicaraguayen a unanimement adopté une loi permettant de poursuivre les détracteurs du président Daniel Ortega, qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, qu’ils soient citoyens nicaraguayens ou étrangers.
La modification du code pénal introduite par cette loi prévoit des peines allant jusqu’à 30 ans de prison et l’éventuelle confiscation de biens pour ceux qui favorisent des sanctions contre le gouvernement de Managua. La loi, qui sera en vigueur dès sa publication dans le Journal officiel, stipule également que les entreprises et les ONG sont susceptibles d’être sanctionnées.
Selon la députée favorable au gouvernement, Maria Auxiliadora Martinez, cette loi cherche à « renforcer le rôle des institutions de notre pays dans la lutte contre le crime organisé transnational ».
Cependant, l’opposition, majoritairement en exil au Costa Rica, aux États-Unis et en Espagne, affirme que cette loi donne un fondement juridique aux pratiques « répressives » du président Ortega. Felix Maradiaga, ancien candidat à la présidence en exil aux États-Unis, a déclaré à l’Agence France-Presse que cette loi « permet au régime d’Ortega de poursuivre quiconque, qu’il soit ou non sur le sol nicaraguayen, sans nécessité d’être présent lors du procès, renforçant ainsi un cadre juridique qui soutient ces pratiques répressives ». Selon lui, Ortega cherche à « bâillonner l’opposition dans le monde entier ».
Cette loi intervient alors que l’ONU a exprimé des préoccupations concernant la « grave » détérioration des droits de l’homme dans le pays depuis 2023, mettant en avant une hausse des détentions arbitraires et des persécutions contre ceux « considérés comme dissidents » par le gouvernement.
Suite à l’accusation de « trahison », plus de 300 personnalités politiques, journalistes, intellectuels et dissidents ont été libérés par le gouvernement nicaraguayen en 2023. Ces individus ont été expatriés et dépossédés de leur citoyenneté et de leurs possessions.
Daniel Ortega, âgé de 78 ans, a repris le pouvoir en 2007 après avoir gouverné dans les années 1980 suite à la victoire de la révolution sandiniste. Il a été réélu lors d’élections non validées par l’Union européenne, Washington et diverses organisations internationales. L’ancien chef de guérilla est critiqué pour avoir instauré un régime autoritaire dans ce pays d’Amérique centrale qui compte sept millions d’habitants. En 2018, des protestations contre son régime ont été sévèrement réprimées, causant plus de 300 morts et des centaines d’emprisonnements, et forçant des milliers à l’exil, selon les statistiques de l’ONU.