À l’ouest de Dar es-Salaam, en Tanzanie, se trouve le campus de l’école de leadership Julius-Nyerere, qui est une icône éclatante de la collaboration entre le Parti communiste chinois (PCC) et diverses factions politiques dominantes en Afrique australe. Cette institution a été inaugurée en février 2022 dans le cadre d’une cérémonie où un message du président Xi Jinping a été diffusé. Le campus a été conçu et offert par une entreprise chinoise, représentant Pékin. La formation régulière y est assurée par des professeurs de l’école des cadres du PCC, spécialement à l’attention de six partis, qui se distinguent par leur engagement dans la bataille pour l’indépendance ou contre l’apartheid, et qui sont toujours actifs politiquement. On peut y voir les drapeaux de diverses nations telles que la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Mozambique, l’Angola, la Namibie et le Zimbabwe, qui coexistent avec le drapeau rouge du PCC représentant le marteau et la faucille.
Les enseignants proviennent essentiellement de l’École centrale du PCC, de certaines de ses branches provinciales et également des universités agricoles en Chine. Du 29 octobre au 7 novembre 2023, par exemple, une session sous le thème » Façonner un futur commun, atelier des jeunes leaders du CCM » (Chama Cha Mapinduzi, soit le Parti de la révolution, étant le parti primaire en Tanzanie) a été organisée par le département international du comité central du PCC. En juin 2023, quelques mois en amont, la Chine formait déjà cent trente-six jeunes leaders issus de ces six partis.
L’initiative démontre la totale assurance du parti-État chinois qui, en raison du progrès économique atteint par le pays, croit qu’il n’a pas besoin d’instructions de l’Occident, et peut même échanger des leçons tirées de son expérience. Il offre une alternative à la démocratie, qu’il considère tout aussi valable, surtout à la lumière de ses réussites. Ces interactions contribuent à rendre acceptable le modèle chinois critiqué en Occident pour son manque de vote et de primauté de droit. « La Chine cherche à aider ces mouvements à maintenir le pouvoir et, en exposant son modèle à leurs futurs dirigeants, acquiert une grande influence politique » explique Paul Nantulya, un chercheur de l’Africa Center for Strategic Studies, basée à Washington.
« Établir le pouvoir du parti »
L’initiative ne se limite pas à l’école en Tanzanie. Un institut sino-africain, situé tant au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba qu’à l’Académie chinoise des sciences sociales à Pékin, a été inauguré en 2019, avec l’ambition de se projeter sur tout le continent. Au Zimbabwe, la Chine a supervisé la rénovation de l’école d’idéologie Herbert-Chitepo du parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF). Le parti dominant au Kenya, l’United Democratic Alliance, n’est pas en reste, ses dirigeants ont visité Pékin en mai et se sont vu proposer la construction de leur propre école de leadership à Nairobi. En outre, le College de commandement de l’Armée populaire de libération, situé à Nankin, reçoit fréquemment des officiers prometteurs des forces africaines.
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