La France a connu une réunification temporaire grâce aux Jeux olympiques (JO), tandis qu’en Allemagne, l’événement a plutôt provoqué une vague d’autocritique surprenante. Cette réaction a été alimentée par les faibles performances de leurs athlètes, qui ont conduit à un discours décliniste qui débordait largement du contexte sportif. Une question préoccupante a été ravivée par l’ouverture des Jeux paralympiques: pourquoi l’Allemagne n’est-elle pas plus compétitive dans le sport de haut niveau?
C’est une interrogation qui inquiète la presse locale. Avec seulement trente-trois médailles remportées, l’Allemagne s’est classée dixième au classement des JO de Paris, bien derrière des pays tels que les Etats-Unis, le Japon, et la France avec qui elle est par ailleurs en compétition dans d’autres domaines. C’est le pire résultat qu’elle ait atteint depuis la réunification de 1990.
Le sentiment est partagé par les sportifs allemands. Olaf Tabor, l’un des responsables du Comité olympique allemand, a reconnu lors d’une conférence de presse au début du mois d’août: «Nous avions d’autres ambitions pour ces jeux». Le 9 août à Paris, Jörg Bügner, le directeur sportif de la Fédération allemande d’athlétisme, exprimait son désarroi: «Nous avons 82 millions d’habitants. Il est inexplicable que nous n’ayons aucun talent sportif».
Pourtant, l’Allemagne a pendant longtemps été l’un des pays les plus médaillés des JO. Elle est même le pays qui a accumulé le plus grand nombre de médailles depuis 1896, derrière les Etats-Unis, et ce malgré plusieurs absences aux JO en 1920, 1924 et 1948.
En août dernier, une chronique caustique de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel signalait que le sport d’élite de leur nation était en déclin depuis des années. De nombreux experts ont souligné le besoin urgent d’une réforme, voire d’un véritable « débat sociétal ». Ils insistent sur le fait que l’Allemagne, en sa qualité de plus grande économie de l’Union Européenne, devrait être en mesure de se concentrer sur les sports d’élite. Cette question est d’autant plus importante que l’Allemagne s’interroge quant à la viabilité de son modèle économique, mis à mal par la crise énergétique, l’inflation et les frictions commerciales avec la Chine, qui ébranlent ses fondements mercantilistes.
L’attitude auto-critique de l’Allemagne est assez surprenante. Avant les Jeux Olympiques, l’ex-champion olympique du lancer de disque, Robert Harting, avait prévu des résultats décevants. Dans une interview avec Sports Illustrated, il avait prédit un bilan médiocre, semblable à celui des derniers grands rendez-vous olympiques. Il affirme que l’idée de performance est presque devenue honteuse en Allemagne, avec peu de personnes oser dire qu’elles veulent être les meilleures. Cela montre que la situation requiert une rénovation urgente.