Bruno Bobkiewicz, le secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN-UNSA, a exprimé avec une certaine ironie que cette année, personne ne s’était engagé à ce qu’il y ait un professeur pour chaque classe au début de l’année scolaire. Ce commentaire est une référence aux promesses faites par le président Emmanuel Macron et Gabriel Attal, l’ancien ministre de l’éducation nationale, lors de la rentrée 2023.
La mission d’assigner environ 850 000 professeurs aux 12 millions d’étudiants constitue un défi majeur pour l’éducation nationale chaque année scolaire. Ce défi devient de plus en plus ardu avec la crise croissante de recrutement. Sans aucun doute, il y aura certaines insuffisances même si la majorité des écoliers, collégiens et lycéens rencontreront leurs enseignants à partir du lundi 2 septembre.
En dépit d’une légère amélioration par rapport à l’année 2023, les concours de recrutement d’enseignants ont laissé plus de 3 000 postes non pourvus pour la rentrée 2024. Ces postes s’ajoutent aux positions non remplies les années précédentes. La Cour des comptes a noté qu’il y avait eu un manque de plus de 5 500 enseignants entre 2017 et 2021. Cette situation s’est depuis aggravée, en particulier après le déplacement des concours à la fin du bac + 5 en 2022.
Un optimisme prudent est néanmoins de rigueur car le recrutement de contractuels a grimpé. Dans l’enseignement public, ces derniers représentent désormais 49 000 personnes (près de 7% des effectifs), soit une augmentation de 10 000 en deux ans.
Dans son discours du mardi 27 août, la ministre démissionnaire de l’éducation, Nicole Belloubet, a exprimé son optimisme mesuré face à la situation actuelle. Elle a estimé que grâce à une stratégie proactive de recrutement de contractuels, les rectorats sont près d’assurer une couverture complète en terme de personnel enseignant. Des rectorats comme celui de Créteil et Versailles, qui ont un besoin élevé en main d’œuvre non permanente, recrutent tout au long de l’année et offrent des contrats de deux ans.
Cependant, le vendredi 30 août, lors de la journée de la rentrée, certains enseignants ont fait état de chaises vides dans la salle des professeurs. Par exemple, un enseignant anonyme en Dordogne a noté l’absence, dans son collège, d’un professeur de SVT, d’un de physique-chimie et d’un d’éducation musicale. De plus, le nombre d’offres d’emploi pour des enseignants contractuels disponibles sur le site de France Travail reste élevé. D’après le rapport annuel sur le rendement budgétaire de l’éducation nationale 2023, il faut aux rectorats environ vingt-neuf jours pour pourvoir environ 3 000 postes vacants dans les collèges et lycées à la rentrée, soit le double par rapport à il y a quinze ans.
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