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« Corty, Président Médecins du Monde: Gaza en Péril »

Depuis les temps anciens, les blocus et les assièges militaires sont synonymes de violences, dénuement, famine et mort inévitable. L’illustration parfaite en est le siège de Sarajevo, où ses habitants ont souffert l’encerclement le plus long de l’ère moderne par les forces serbes d’avril 1992 à février 1996, causant la mort d’au moins 12 000 civils. Malgré leur encadrement juridique par le droit international humanitaire depuis la fin du XIXe siècle, ces deux stratégies continuent de créer des crises humanitaires délibérées avec un grand coût humain.
Les récents blocus du Yémen en 2015 et le siège de Marioupol en 2022 ont clairement démontré l’efficacité limitée de ce droit international, même si son rôle reste crucial dans de nombreux conflits. Dans le cas de la bande de Gaza, la situation est particulièrement grave puisqu’elle subit un blocus depuis 2007 et un siège en cours depuis octobre 2023, une double menace pour la population civile qui peine à être protégée par le droit.
Un blocus est une action par laquelle un ou plusieurs États tentent d’isoler un territoire pour le forcer à capituler en lui privant des ressources vitales. Cette technique peut impliquer des contrôles militaires aux frontières et l’imposition de sanctions économiques. Alors qu’un siège se manifeste par un encerclement complet avec des attaques pour effondrer la résistance, un blocus vise à affaiblir la cible de façon plus large et indirecte. Ces deux stratégies sont des méthodes de suffocation.

Les règles du droit international humanitaire stipulent que, même en cas de guerre, l’accès aux secours humanitaires et impartiaux, indispensables pour la survie des civils, doit être accordé par les États. Tout siège qui ne respecte pas ces dispositions, en ne protégeant pas les infrastructures sanitaires et en l’absence d’un accord pour l’évacuation des blessés, des malades, des enfants et des femmes enceintes, est illégal. De plus, cela est également illégal d’utiliser la famine comme une arme de guerre, et les aides humanitaires doivent être autorisées pour faire face à l’excès de privations des civils.

Un exemple récent de cette situation est le blocus imposé en 2015 aux territoires tenus par les milices houthis au Yémen. Ce blocus a été mis en place par une coalition internationale, dirigée par l’Arabie Saoudite avec le soutien de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, dans le but de soutenir les forces fidèles au gouvernement. Malheureusement, cette stratégie militaire a surtout dégradé dramatiquement les conditions de vie des civils yéménites, entraînant une grave crise alimentaire pour 17 millions de personnes dont 500 000 enfants souffrant de malnutrition sévère. En plus de cela, la guerre a détruit la moitié des structures de santé du pays, rendant l’accès aux soins très difficile. L’épidémie de choléra qui a éclaté en 2016 est un reflet de l’étendue de la crise humanitaire qui en résultait. Les ONG internationales ont demandé la fin de cette tactique d’étranglement et de punition de masse, étant donné que les attaques délibérées sur les infrastructures de santé empêchaient une réponse humanitaire adaptée.
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