Depuis le début de l’année, l’Algérie a expulsé vers le Niger, le pays voisin, environ 20 000 migrants africains, y compris des femmes et des enfants, selon Alarme Phone Sahara, une ONG locale, comme déclaré à l’Agence France-Presse le lundi 1er septembre. Cette organisation qui vient en aide aux migrants dans le désert entre l’Algérie et le Niger, a signalé qu’un total de 19 798 personnes ont été expulsées entre janvier et août 2024, selon son chargé de communication, Moctar Dan Yaye.
Depuis 2014, des migrants non régularisés du Niger et d’autres pays africains, parmi lesquels des femmes et des enfants, sont fréquemment expulsés d’Algérie, un pays de transit vers l’Europe. Alarme Phone Sahara, dans un rapport publié à la fin d’août, dénonce le fait que ces migrants sont expulsés « dans des conditions inhumaines » qui dans les cas extrêmes peuvent entraîner la mort. Moctar Dan Yaye indique que « les migrants sont arrêtés lors des raids urbains, dans leurs maisons, leurs lieux de travail ou à la frontière tunisienne et sont rassemblés à Tamanrasset (sud de l’Algérie) avant d’être transbordés par camions jusqu’au Niger ».
Les migrants nigériens expulsés sont transportés jusqu’à Assamakka, le premier village nigérien, où ils sont pris en charge par les autorités locales. Cependant, les migrants d’autres pays africains sont débarqués au « point zéro », une zone désertique marquant la frontière entre les deux pays où ils doivent marcher 15 kilomètres pour atteindre Assamakka dans des conditions météorologiques extrêmes. « Il y a beaucoup de témoignages d’abus » et de « violences », conclut Moctar Dan Yaye.
Suite à leur inscription par la police du Niger à Assamakka, ils sont logés dans des centres de transit dirigés par les Nations Unies et l’Italie, avant d’être graduellement transférés vers d’autres centres à Arlit et Agadez, deux grandes métropoles du nord du Niger. « Nous sommes inondés de témoignages de mauvais traitements, d’actes de violence et de confiscation des biens des migrants par les autorités algériennes », se lamente le chargé de communication d’Alarm Phone Sahara.
En avril, le régime militaire du Niger, au pouvoir à Niamey depuis un an, a convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour exprimer son « indignation » face à la « brutalité » de ces actions de renvoi et d’expulsion. En riposte, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger, tout en qualifiant les accusations du Niger de « sans preuves ».
En novembre 2023, l’administration militaire du Niger a aboli une loi mise en place en 2015 qui rendait la filière de migration illégale. Par conséquent, « beaucoup de personnes circulent librement » sur « les chemins » de migration « sans redouter les répercussions » qu’elles risquaient auparavant, mentionne l’association dans son compte rendu.
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