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31 août 2024 18 h 06 min

« Place des Héros »: Mise en Scène Antisémitisme

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Trouvez tous les épisodes de « Les batailles du théâtre » ici. En 1988, un scandale majeur de nature théâtrale et politique a éclaté en Autriche. Cela a commencé lors de la première d’une pièce de Thomas Bernhard, orchestrée par le réalisateur Claus Peymann, directeur du Burgtheater de Vienne, qui est similaire à la Comédie Française. La pièce, qui portait le nom de Heldenplatz, la place où Hitler a été acclamé après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie en 1938, avait été commandée pour le 100e anniversaire du théâtre. Bernhard et Peymann s’étaient arrangés pour garder le contenu de la pièce secret jusqu’à la première, le jour de l’anniversaire.
Malgré leur demande de confidentialité à l’équipe de production, des informations sur la pièce se sont répandues dans les journaux de Vienne, où le théâtre est un élément courant de la vie quotidienne. Quatre acteurs du Burgtheater ont refusé de jouer la pièce et des extraits ont fini par être publiés, faisant des déclarations controversées sur l’Autriche, les citoyens autrichiens, le président, le chancelier et l’antisémitisme.

Ces révélations jettent de l’huile sur le feu, ravivant une douleur encore sentiment : le scandale de Waldheim. Né en 1918, Kurt Waldheim a gravi les échelons diplomatiques pour atteindre une distinction au summum : entre 1972 et 1981, il a occupé le poste de secrétaire général de l’ONU. Cependant, en pleine campagne pour la présidentielle de son pays en 1986, ses liaisons avec l’Allemagne nazie sont révélées au grand jour. Recruté par la Wehrmacht en 1941, Waldheim a été déployé sur le front Est où il a été blessé puis soigné à Vienne. Dans son autobiographie, Dans l’œil de cyclone (Ed. Alain Moreau, 1985), il prétend ne pas être retourné au front mais plutôt d’être resté à Vienne pour continuer ses études en droit jusqu’à la fin de la guerre.

Asphyxié par l’hypocrisie catholique
Les faits révélés par la presse le contredisent. Kurt Waldheim a servi de 1942 à 1945, son unité étant sous le commandement d’Alexander Löhr, « le boucher des Balkans », qui a perpétré des atrocités en Bosnie. Il a également assisté à la déportation en masse des Juifs de Cordoue et de Thessalonique. Ces révélations choquent la scène internationale et provoquent une onde de choc en Autriche. Kurt Waldheim se défend en affirmant qu’il n’a fait que son « devoir », comme tous les « bons » Autrichiens de sa génération. Il est finalement élu, le 8 juin 1986, avec près de 54% des voix, mais l’Autriche doit pour la première fois confronter son passé antisémite, qu’elle avait soigneusement occulté.

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