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31 août 2024 15 h 09 min

Country Brésilienne: Rythme du Lobby Agricole

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Goiânia, réputée pour être une ville musicale, est en réalité assez tranquille. Située au coeur du Brésil et loin des côtes par plus de 1000 kilomètres, cette métropole de plus de 1,5 million d’habitants semble parfois désertée pendant les après-midi chauds. Le paysage urbain est marqué par des tours de béton peu attrayantes et des édifices Art déco en mauvais état. Les passants sont peu nombreux et il est rare d’apercevoir des ibis mandore, des oiseaux locaux à plumage gris et aux yeux rouges. Étonnamment, aucun chant ne s’échappe de leur gueule. Cependant, Goiânia, la capitale de l’État de Goiás, est le berceau d’un des phénomènes culturels les plus influents du Brésil moderne : la musique sertanejo.

Le sertanejo, essentiellement une musique de l’arrière-pays, de régions retirées de l’intérieur du pays, consacrées à l’élevage, est la version brésilienne de la musique country. Il a même sa propre capitale et sa journée nationale (le 3 mai). Aujourd’hui, le genre domine d’autres styles de musique célèbres du pays tels que la samba, la bossa-nova et la musique populaire. Il entretient également des liens controversés avec les industries agricoles et l’extrême droite.

Selon les chiffres de Spotify, qui mesure la popularité des chansons, sept des dix chanteurs les plus populaires au Brésil au cours de la dernière décennie sur cette plateforme de streaming sont issus du sertanejo, ainsi que huit des plus grands succès. Les artistes de musique country locale (et ses divers sous-genres) ont dominé le service de streaming dans vingt-quatre des vingt-six États de la fédération (plus le district fédéral) en 2023, rassemblant jusqu’à 16 millions d’auditeurs par mois sur Spotify. En comparaison, Caetano Veloso, le « dieu » du tropicalisme, ne compte que 4,2 millions d’auditeurs.
Qui en Europe a entendu parler de Di Paullo & Paulino ? Avec 2,3 millions d’auditeurs par mois, ce duo est presque aussi célèbre que le célèbre Chico Buarque. Âgés de 67 et 63 ans respectivement, ces deux frères au style cowboy et aux chemises fleuries sont des vétérans du sertanejo. Basés à Goiânia, ils parcourent le pays dans leur bus à double étage, parcourant des milliers de kilomètres. « On préfère jouer dans les petites villes plutôt que dans les capitales », disent-ils en unisson, depuis leur studio d’enregistrement à Goiânia.

Elias Antônio de Paula, plus connu sous le nom de Di Paullo, et Geraldo Aparecido de Paula, alias Paulino, sont presque toujours en harmonie. Les frères fusionnent naturellement leurs voix, respectant l’architecture traditionnelle du « sertanejo », qui est la dupla, incluant une tonalité aigüe suivie d’une plus basse et plus douce. Paulino soutient fermement que « le rôle du sertanejo est de réconforter les enfants du sertão qui ont quitté leur foyer rural pour les grandes cités et éprouvent de la saudade » (nostalgie) de leur patrie. Di Paullo, quant à lui, regrette que le « sertanejo ait longtemps été stigmatisé et regardé comme quelque chose d’inculte ». Le reste de cet article est uniquement accessible pour les abonnés, et 83,28% du texte est encore à lire.