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30 août 2024 17 h 09 min

Président Arévalo, destitution menacée au Guatemala

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La destitution est-elle à l’horizon pour le premier dirigeant progressif du Guatemala après 70 ans, seulement quelques mois après son accession au pouvoir? Le 20 août, pour la troisième fois depuis son entrée en fonction le 14 janvier, la demande de levée d’immunité de Bernardo Arévalo a été présentée à la Cour suprême par le procureur général.

Au centre de ces accusations se trouve un enregistrement d’une conversation entre Arévalo, 66 ans, et le ministre des Infrastructures. Le procureur général affirme que cet enregistrement révèle que Arévalo a ordonné illégalement des paiements arbitraires à des entreprises de travaux publics soupçonnées de corruption. Le 5 août, Arévalo a reconnu la validité de l’enregistrement, mais a expliqué que, étant donné l’impossibilité de payer toutes les entreprises à la fois (en raison de contrats antérieurs pour lesquels l’État est endetté), il a ordonné en premier lieu le paiement des travaux publics achevés qui ne présentaient pas d’indices de corruption.

Cependant, le chef du procureur spécial contre l’impunité (FECI), Rafael Curruchiche, a fait une déclaration sensationnelle le 20 août en affirmant que le président Arévalo est « le principal instigateur de la corruption et de l’impunité au Guatemala ».

Toutefois, de nombreuses sources, tant locales qu’internationales, affirment que ces accusations contre Arévalo sont infondées et font partie de la bataille acharnée menée contre lui par le procureur général, Consuelo Porras. Juan Francisco Sandoval, prédécesseur de Curruchiche à la tête du FECI, estime qu’il s’agit d’une mise en scène visant non seulement à salir la réputation d’Arévalo, mais aussi à tenter de nouveau de le destituer.

Selon l’Union européenne (UE) et les États-Unis, M. Curruchiche et Mme Porras, et non le chef de l’État, sont des acteurs impliqués dans la corruption. Ils font tous deux l’objet de sanctions européennes et américaines pour leurs actions qui nuisent à la démocratie et à l’état de droit. La démarche entreprise par le ministère public est considérée comme faisant partie d’un ensemble plus vaste et plus préoccupant de plaintes et d’enquêtes politiquement motivées contre le gouvernement actuel », a déclaré Peter Stano, porte-parole principal pour les affaires étrangères de l’UE, dans une déclaration du 22 août. Il s’inquiète d’une utilisation immodérée et d’une manipulation du système judiciaire.

En outre, le système juridique guatémaltèque est contrôlé par ce que l’on appelle le « pacte des corrompus », une alliance informelle entre des hommes politiques, des oligarques et des entrepreneurs liés au crime organisé. Alors que la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), créée par l’ONU, a réussi à démanteler 70 structures criminelles entre 2007 et 2019, les élites économiques et politiques ont remporté une série de victoires au cours des six dernières années, leur permettant de contrecarrer les progrès réalisés par la CICIG.

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