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30 août 2024 15 h 11 min

La surveillance des Rafale en Serbie doit être maintenue

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La France est désormais deuxième sur le plan mondial en termes de la valeur des exportations d’armement, grâce notamment au succès du Rafale, l’avion de combat multiservices de la compagnie Dassault Aviation, selon le récent rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm publié en mars. Les demandes pour ce puissant avion de combat sont si élevées que Dassault Aviation a du mal à suivre le rythme.

La dernière transaction, d’un montant avoisinant les 3 milliards d’euros, a été réalisée avec la Serbie pour la fourniture de douze Rafales. Cette annonce, faite en grande cérémonie le jeudi 29 août à Belgrade, a vu la participation du président Emmanuel Macron. Cette vente fait suite à une précédente opération, réalisée il y a trois ans avec la Croatie, pays voisin et rival régional de la Serbie.

La réussite commerciale de cette vente est incontestée, mais elle soulève beaucoup de controverses sur le plan diplomatique. En effet, la Serbie entretient des liens étroits avec la Russie de Vladimir Poutine, ce qui rend ce projet sensible à plusieurs égards. En dépit de sa candidature à l’Union européenne (UE), la Serbie ne respecte pas les sanctions imposées par les européens à Moscou suite à l’invasion de l’Ukraine, d’autant plus qu’Air Serbia continue d’assurer la liaison avec Moscou. De plus, la Serbie s’est récemment fournie en matériel de combat et en batteries de défense antiaériennes auprès de la Russie et de la Chine.

L’Elysée utilise comme argument la vente des Rafale pour justifier l’ancrage de la Serbie à l’Europe, plutôt que de la laisser tomber dans une zone d’influence grise exploitée par Moscou et Pékin. Le remplacement de l’ancienne flotte serbe de Mig-29 russes par les Rafale est considéré par le président de la République comme un « tournant stratégique », « historique et crucial ». Il croit fermement que « le club Rafale », qui compte désormais la Serbie, la Grèce et la Croatie comme membres, peut contribuer à la paix en Europe et favoriser l’intégration régionale.

Nul ne conteste les avantages pour la France et l’Europe de choisir un équipement d’aviation serbe français plutôt que russe ou américain. Ce type de vente crée un lien durable avec le pays fabricant, pour des raisons de formation, de maintenance et de fourniture de pièces de rechange. Il est à espérer que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la protection des technologies et du savoir-faire liés aux Rafale, dans un pays où les ressortissants russes sont libres d’aller et venir et où les constructeurs chinois et russes de défense aérienne pourront tester leur efficacité à volonté.

Cependant, le moteur principal de l’intégration de la Serbie à l’Europe n’est pas situé dans le cockpit des Rafale, aussi performants soient-ils. Les principaux obstacles à ce rapprochement sont le nationalisme et la direction autocratique du président Aleksandar Vucic, qui réprime la presse, maltraite les opposants et alimente l’instabilité au Kosovo, dont il refuse l’indépendance. Malheureusement, le président Macron n’a fait aucune allusion à ces problèmes, jeudi, à Belgrade.