En partant de la gare RER de Meudon-Val-Fleury, une promenade d’environ quinze minutes est nécessaire. Le cadre est charmant, avec des bâtiments à étages modestes, des habitations soigneusement alignées, et des arbres dispersés un peu partout. Une banlieue prospère et calme. Arrivé au 21, rue des Châtaigniers à Clamart, s’ouvre un édifice où la vague avant-gardiste du début du XXe siècle faisait rage.
C’est dans cette municipalité des Hauts-de-Seine qu’un duo d’artistes se sont installés en 1929 : Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp. Le premier est né en 1886, allemand en Alsace occupée puis est devenu français en 1918. Sa cadette de trois ans est suisse. A Zurich, ils ont été un couple phare du mouvement dada où une totale liberté artistique régnait dans un établissement nocturne du centre-ville, le Cabaret Voltaire.
Les Arp sont sculpteurs, peintres, poètes, dessinateurs… Sophie Taeuber-Arp a conçu un bloc de trois niveaux dans lequel ils habiteront et travailleront. Ils y accueilleront leurs amis artistes. La liste de leurs invités était aussi fascinante que les images des verres qui s’entrechoquaient sur la pelouse du jardin.
Des formes ovales, faites d’enchevêtrements et de vides.
Des artistes visuels tels que Max Ernst, Joan Miró, Robert et Sonia Delaunay, Marcel Duchamp, Francis Picabia et Gabriële Buffet-Picabia se sont rendus ici, ainsi que les écrivains James Joyce, André Breton, Paul Eluard, René Char, le compositeur Maurice Ravel et bien d’autres. Un certain « jeune peintre espagnol appelé Dalí » a fréquenté cette place, selon la tenancière, ainsi que le prodige minimaliste américain Ellsworth Kelly, dont certaines œuvres ont été présentées dans une rétrospective actuellement organisée par la Fondation Louis Vuitton.
Aujourd’hui, la maison n’est plus seulement un lieu de travail, mais elle est devenue également un lieu d’exposition accessible au grand public. Jean Arp, qui a perdu sa femme en 1943 et s’est remarié à Marguerite Hagenbach, un ami de sa défunte épouse, y a travaillé jusqu’à son décès en 1966. Il avait même conçu une série de sculptures sur socle, les Ptolémée, qui s’inspire de la simplicité des statues grecques et se compose de formes ovoïdes entrelacées et de vides.
Cette abstraction douce, joyeuse, presque naturelle, plaît au directeur de la création de Celine, Hedi Slimane. Ce grand connaisseur d’avant-garde, convaincu du potentiel de l’art moderne à inspirer le contemporain, a choisi l’œuvre de Jean Arp comme troisième partie de la collection « Bijoux d’artistes » de la marque de luxe.
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