L’Union européenne (UE) a prévu de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, en référence aux niveaux de 1990, en vue d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette ambition renforcée, souvent applaudie comme une des victoires majeures du pacte vert de la Commission européenne, est néanmoins remise en question par deux ONG qui ont déposé une requête devant la Cour de justice de l’Union européenne en février. Ces organisations contestent la méthode suivie pour établir cet objectif, devenu la pierre angulaire des politiques européennes sur l’énergie et le climat. Romain Didi, du Réseau Action Climat Europe, une des deux ONG plaignantes aux côtés du Global Legal Action Network (GLAN), souligne l’importance de vérifier la pertinence de la façon dont ces cibles ont été fixées. Les deux ONG ont soumis leurs conclusions finales à la Cour de l’UE en août.
Les plaignants s’interrogent sur la solidité de la base scientifique qui a conduit à l’objectif de 55 %. Ils sont convaincus que le cadre législatif initié en 2020 (les évaluations d’impact de la Commission) était trop limité. Les modèles de réduction d’émissions plus sévères auraient été écartés sans explication par les responsables. Selon M. Didi, « la Commission aurait dû évaluer l’effort global nécessaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et déterminer la contribution équitable de l’UE, en examinant toutes les options, y compris les plus audacieuses, ce qui n’a pas été fait ».
La Commission aurait omis les principes de justice et d’effort équitable entre les nations développées et en développement, selon Jean-Pascal van Ypersele, professeur émérite de climatologie à l’université catholique de Louvain en Belgique et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique (GIEC). Il souligne que pour garder l’augmentation des températures sous 1,5 degré, une neutralité carbone doit être atteinte à l’échelle mondiale d’ici 2050. Cependant, comme c’est une moyenne globale et que l’UE a une responsabilité historique plus grande en matière d’émissions de CO2 que les pays en développement, elle devrait atteindre la neutralité carbone avant 2050, ce qui donnerait plus de temps aux autres pour réaliser cet objectif. Selon ce raisonnement, l’objectif intermédiaire de 55 % est inadéquat.
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