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29 août 2024 15 h 09 min

« Guerre Ukraine: Armée russe progresse à l’est »

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Comment Moscou et Kiev font usage de drones?
Depuis plusieurs mois, le conflit de drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint un niveau sans précédent. Selon un rapport d’un think tank britannique spécialisé dans les questions de défense, les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le front, soit plus de 300 par jour. Pour comparer, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans ses stocks.
Essentiellement, les Ukrainiens et les Russes utilisent de petits UAV (véhicules aériens sans pilote, en anglais) civils, économiques et disponibles en grande quantité. Ils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille, guider les troupes ou les tirs d’artillerie; certains sont également adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Les drones kamikazes, bien que moins courants, revêtent encore une importance considérable. Ces UAV équipés de charges explosives sont déployés au-dessus des lignes de front sans un objectif prédéfini. La Russie emploie ses propres drones Lancet-3 ainsi que des Shahed-136, fabriqués en Iran. Malgré l’absence d’une véritable flotte de guerre, l’Ukraine défie son adversaire avec des véhicules maritimes sans équipage, de petits kayaks télécommandés et armés d’explosifs (450 kg de TNT).
En reconnaissant le rôle crucial des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes se sont organisés pour assurer un approvisionnement durable à leurs troupes, en achetant des drones civils en grande quantité sur le marché et en établissant des capacités de production internes. L’industrie nationale ukrainienne, qui était encore naissante au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis progressé. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’un clone du drone russe Lancet, qui sera bientôt lancé sous le nom de Peroun, en référence au dieu slave de la foudre et du tonnerre.
Contrariée par les sanctions occidentales qui restreignent son accès aux pièces électroniques, la Russie éprouve plus de difficultés. Cependant, les services de renseignement américains rapportent que Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, pour y produire des drones kamikazes de conception iranienne, tels que le Shahed-136.
Qu’en est-il des stocks de missiles russes?
Il est quasiment impossible de connaître l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens font régulièrement des déclarations sur le sujet, mais leurs estimations restent incertaines.

Andri Ioussov, un représentant de l’agence de renseignement du ministère de la défense (GUR), a partagé, dans une interview avec Liga.net, que l’armée russe avait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant l’outbreak de la guerre et en avait conservé plus de 900 au commencement de l’année. Au total, selon Ioussov, l’armée avait additionnellement près de dix mille missiles antiaériens S-300, d’une capacité de 120 kilomètres, ainsi qu’un grand nombre de S-400, une version plus moderne avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le directeur adjoint du GUR, a rapporté que l’armée disposait de 585 missiles avec une portée de plus de 500 kilomètres.

Par rapport à la production, plusieurs analystes précisent qu’elle serait d’environ cent missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, GUR estimait cette production à 115 unités.

La Russie aurait aussi obtenu des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait à en acquérir. Reuters, citant de nombreuses sources iraniennes, rapporte que 400 missiles iraniens Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) auraient été livrés depuis janvier, quand un accord a été passé. On ne sait pas combien de missiles nord-coréens la Russie a acquis, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général Andriy Kostin. Selon les analystes qui ont examiné les débris et les trajectoires, il s’agirait probablement des KN-23 et KN-24 avec une capacité d’environ 400 kilomètres.

Et à propos des avions de combat F-16 ?

Après avoir répondu à une requête à long terme du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé en août 2023, le transfert des avions de chasse F-16 vers l’Ukraine. Plus de 300 F-16 sont répartis dans neuf pays européens dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, mais tous ces pays ne peuvent pas céder immédiatement leurs avions.

Volodymyr Zelensky a mentionné que 42 F-16 étaient engagés par les alliés occidentaux envers Kiev, cependant, cela n’a pas été confirmé. Le Danemark a promis d’en donner 19. Les six premiers ne seront pas livrés avant la fin de 2023, huit autres arriveront en 2024 et cinq autres en 2025, a déclaré la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également fait une promesse, ont 42 unités mais n’ont pas indiqué combien ils étaient disposés à céder.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour utiliser ces avions de chasse américains. Onze pays alliés de Kiev ont promis de former les pilotes. Selon l’OTAN, les soldats ukrainiens ne seraient capables d’utiliser ces avions en combat qu’au début de 2024, tandis que d’autres experts prévoient l’été de la même année. Quel est le niveau de soutien militaire que Kiev reçoit de ses alliés ?

Deux années se sont écoulées depuis le commencement du conflit majeur, et le soutien des nations occidentales à Kiev semble faiblir. Selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, les engagements d’aide récents ont diminué de août 2023 à janvier 2024 en comparaison avec la même période de l’année précédente. Cette tendance pourrait persister, avec le Sénat américain éprouvant des difficultés à voter pour des aides, et l’Union européenne parvenant à peine à approuver une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison de l’obstruction hongroise. À souligner, ces deux lots d’assistance ne sont pas encore inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui se termine en janvier 2024.

Le recueil de données de l’institut allemand indique une diminution et une concentration du nombre de donateurs autour d’un noyau de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui promettent à la fois un soutien financier considérable et des équipements militaires de pointe. En tout, depuis février 2022, les nations en faveur de Kiev ont promis au moins 276 milliards d’euros en matière d’aide militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les pays les plus prospères se sont montrés les plus généreux. Les États-Unis sont de loin les principaux donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncés, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé des aides à la fois bilatérales (64,86 milliards d’euros) et collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsqu’on examine les dons en fonction du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se transforme. Les États-Unis tombent à la vingtième place (0,32 % de leur PIB), loin derrière des pays limitrophes de l’Ukraine et d’anciens états soviétiques alliés. L’Estonie arrive en tête des dons proportionnels au PIB avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Les deux autres places du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois États baltes, tous ayant des frontières avec la Russie ou son partenaire la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus larges depuis le commencement du conflit.

Pour la part de PIB, la France se retrouve vingt-septième, ayant alloué seulement 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’aide apportée par la France décroit continuellement depuis le début de l’occupation de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Quelles informations avons-nous sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis plusieurs mois, l’Ukraine et la Pologne connaissent des tensions, principalement dues au transit de céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, la Commission européenne a établi des « routes de solidarité » pour permettre l’exportation et la commercialisation sans taxe douanière des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, environ la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou terminent leur route au sein de l’Union européenne (UE), selon la Fondation Farm, un groupe de discussion sur les questions agricoles dans le monde. Ces céréales se vendent à un prix considérablement inférieur à celui du blé produit dans l’UE, principalement dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont choisi de bloquer leurs importations en avril 2023, soutenant que ces céréales perturbent leur marché local et, par conséquent, privent leurs agriculteurs de revenus. Bruxelles a approuvé cet embargo, à condition qu’il n’interfère pas avec le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Cependant, à la fin de l’été, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes, affirmant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu. Bruxelles a quant à elle estimé que l’embargo n’était plus justifié, ses analyses montrant que les marchés nationaux de céréales ne subissaient plus de distorsions.

Des fermiers polonais ont mis en place un blocus à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine pour arrêter l’entrée des camions ukrainiens dans leur pays, exigeant une interdiction totale des produits agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. Ils se plaignent notamment de l’augmentation de leurs frais de production alors que leurs silos et dépôts sont surchargés pendant que les prix sont au plus bas. Le leader ukrainien déclarait début 2024 que ce blocus de la frontière polonaise est un signe de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son nation, en sollicitant des négociations avec la Pologne. Il a également déclaré que « seul Moscou se délecte » de ces tensions, et a critiqué le Surgissement de slogans pro-Poutine.