Du 19 au 20 août, une nuit a laissé sans hébergement au moins 2043 enfants – 467 d’entre eux âgés de moins de trois ans – suite aux appels de leurs familles au 115, en l’absence de lieux d’accueil disponibles ou appropriés. Comparativement à 2020, ce nombre a bondi de 120 %. Cependant, ces chiffres, aussi dévastateurs soient-ils, ne mettent pas en évidence l’intégralité de la situation. On estime que près de 69 % des personnes n’ont pas recours au 115, et les mineurs sans abri et non accompagnés ainsi que les familles qui résident dans des squats ou des bidonvilles ne sont pas pris en compte.
Pour la sixième fois, nous présentons ce baromètre « Enfants à la rue ». Nous critiquons encore une fois l’échec et l’inadéquation des politiques gouvernementales face à cette crise constante. Les gouvernements successifs ont été incapables de pallier les problèmes des politiques d’aide aux enfants, de santé mentale, de soutien aux femmes victimes de violence, de logement et d’immigration qui poussent les familles à la rue. Il faut également tenir compte du faible salaire de nombreux travailleurs pauvres.
Au lieu de suivre nos recommandations, ils ont souvent choisi d’implémenter des politiques nuisibles, comme la loi « anti-squat », des actions contre les propriétaires sociaux, et la diminution des aides personnalisées au logement (APL). Ces politiques ont abouti à des reculs significatifs dans la lutte contre l’exclusion et le sans-abritisme. Nous espérons que le funeste projet de loi visant à augmenter le nombre de logements abordables, qui menace la loi SRU et le logement social, a était abandonné pour de bon.
Actuellement, l’offre de logements sociaux et leur attribution ne répondent pas à la demande croissante, ce qui a conduit à une multiplication des expulsions de locataires. De surcroît, nos hébergements sont bondés. La reprise du tourisme et l’arrivée future des Jeux Olympiques n’ajoutent qu’une pression supplémentaire sur ces structures déjà surmenées.
Cette situation a forcé un triage des vulnérabilités, qui va à l’encontre du principe de l’accueil inconditionnel, un principe légal régissant le travail associatif, et ne garantit même plus la protection des femmes enceintes ou des familles avec des enfants de moins de trois ans.
Depuis que l’initiative « zéro enfant dans la rue » a été lancée en 2022, le nombre d’enfants de moins de trois ans sans logement a augmenté de plus de 27 %. Or, la petite enfance, une période critique pour le développement, est reconnue pour être fortement influencée par l’environnement de l’enfant et ses expériences. Il est évident que l’hôtel – une réalité pour 28 659 enfants – et la rue ne sont pas des environnements adaptés pour des moments de vie aussi importants.
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