Les collines de Masisi, situées à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), sont maintenant calmes, contrôlées par le Rwanda et ses alliés, les insurgés de la faction congolaise du Mouvement du 23-Mars (M23), y compris la région minérale de Rubaya. Cependant, l’armée rwandaise n’est officiellement pas présente et aucun minerai n’est exporté de Masisi. Néanmoins, presque tous les jours, sous la surveillance de gardes armés, des motocyclistes chargent des colis de columbo-tantalite, un minerai essentiel à la fabrication des smartphones, connu sous le nom de coltan, et se dirigent vers la frontière du Rwanda.
Le 8 juillet, cette situation a éveillé les préoccupations des États-Unis, inquiets du rôle que joue le commerce illicite et l’exploitation de minerais spécifiques, y compris l’or et le tantale exploités de manière artisanale et semi-industrielle dans la région des Grands Lacs, dans le financement des conflits. Le département d’État américain n’a pas hésité à pointer du doigt ses alliés, le Rwanda et l’Ouganda, les principaux destinataires de ces minerais de conflit connus sous le nom de minerais « de sang ».
Cette déclaration, publiée en réponse aux demandes du secteur privé souhaitant que Washington clarifie les risques potentiels liés à la production de produits utilisant ces minerais extraits, transportés ou exportés depuis l’est de la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, s’appuie sur le travail du Groupe d’experts des Nations unies, de sa mission en RDC (la Monusco) et des rapports de la société civile.
L’attitude publique actuelle pose un problème pour Apple, le titan américain, et potentiellement des centaines d’autres entreprises. Le gouvernement de la RDC a engagé deux cabinets juridiques pour réaliser des recherches sur la chaîne d’approvisionnement des minéraux 3T (étain, tungstène et tantale) produits dans le pays et exportés illégalement. Ces cabinets juridiques sont Amsterdam & Partners des États-Unis et Bourdon & Associés de la France. Leur tâche consiste à identifier les poursuites judiciaires que Kinshasa pourrait lancer contre Apple et tous les autres bénéficiaires de cette fraude.
« Secret de Polichinelle »
Une quantité conséquente du coltan du Congo est incessamment exportée vers le Rwanda, avec ou sans l’interférence du M23. C’est un « Secret de Polichinelle », déclare Gregory Mthembu-Salter, un ancien expert de l’ONU enquêtant sur l’exploitation illégale des minerais. Malgré cela, la RDC et le Rwanda ont utilisé pendant quinze ans un système de suivi appelé « ITSCI » (Initiative de la chaîne d’approvisionnement de l’étain) qui aurait dû mettre fin à la fraude, mais que les États-Unis évitent de mentionner.
Il reste encore 75,1% de l’article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Laisser un commentaire