Sur les rives d’un lac situé à environ 60 kilomètres au nord-est de Pékin, se tenait un dialogue approfondi entre deux hautes autorités. Entre le 27 et le 29 août, Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis et Wang Yi, le ministre des affaires étrangères chinois, ont échangé dans un contexte où l’absence de progrès diplomatiques significatifs était prévisible. Cependant, le simple fait que ces élites des deux puissants pays communiquent régulièrement est en soi un pas en avant. Cette rencontre constitue d’ailleurs la première visite d’un conseiller à la sécurité nationale américain en Chine depuis 2016.
Sullivan et Wang ont abordé divers points dont le soutien que la Chine apporte à la Russie dans le conflit ukrainien, ce qui permet à la Russie de maintenir le rythme de la guerre, les tensions en mer de Chine, les restrictions croissantes mises en place par les USA concernant le transfert de puces électroniques et autres composants high-tech vers la Chine. Cependant, le thème de leur échange a principalement porté, comme toujours, sur le sujet le plus épineux dans les relations entre les Etats-Unis et la Chine : le statut de Taiwan, une île que la Chine revendique comme l’une de ses provinces malgré son indépendance de fait et soutenue par les Etats-Unis.
En raison de l’approche belliqueuse de Donald Trump, des années de clôture et de reproches pendant la crise sanitaire du Covid-19, suivies de l’intrusion d’un ballon espion chinois survolant les États-Unis au début de 2023, la plus grande relation bilatérale du monde a été sur le point de s’effondrer. Ces incidents s’ajoutent à une détérioration continuée des liens entre la Chine et les États-Unis, résultant du renforcement de la Chine sous Xi Jinping ainsi que de l’accroissement rapide de sa puissance militaire, un aspect que Washington considère comme la plus grande menace pour l’Amérique. Tout en renforçant continuellement un réseau d’alliances robustes dans la région, les Etats-Unis ont tenté de contrôler le progrès technologique de la Chine, une stratégie perçue par Pékin comme un obstacle majeur à son ascension et interprétée comme une politique de « confinement ».
Un fonctionnaire américain a résumé avant le voyage que l’objectif est de dissiper les malentendus et éviter que cette compétition ne se transforme en conflit. M. Wang a noté mardi que ces dernières années, les relations Chine-Etats-Unis ont été remplies de tumultes et de virages inattendus, tout en saluant le retour à la communication. Selon lui, le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération bénéfique pour tous doivent constituer le pilier de cette relation bilatérale.
Il vous reste encore 48.81% de cet article à lire. La suite est accessible uniquement aux abonnés.