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28 août 2024 10 h 09 min

La bataille entre les genres est en pleine effervescence en Corée du Sud

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Sous le pseudonyme Lee Sera, cette élégante professeure sud-coréenne de 42 ans, n’est plus à la recherche d’un compagnon. Depuis sa rupture en 2018 avec son précédent partenaire, elle vit avec sa sœur. Lee Sera se souvient de son ancien compagnon comme d’un homme aimable qui souhaitait se marier, mais insistait pour qu’elle quitte son travail et ait un enfant, ce qu’elle refusait. Ajouté à cela, elle a appris qu’il voyait des prostituées et à décidé de le quitter. Cette expérience a totalement transformé sa perspective romance. Selon elle, les femmes contemporaines sont plus cultivées et ont leurs propres revenus, elles souhaitent vivre leur vie comme elles l’entendent si les hommes ne l’acceptent pas, c’est leur problème. Se pose alors la question, non pas de savoir pourquoi on ne se marie pas, mais plutôt de savoir pourquoi on devrait se marier.

Shin Amori, un autre pseudonyme, évoque le contrôle excessif des hommes coréens qui voudraient toujours être ensemble, mais déclare fermement qu’elle n’est pas leur poupée. Shin, une influenceuse populaire, préfère les partenaires étrangers malgré les critiques. Sa chaîne YouTube, suivie par plus de 200 000 abonnés, de femmes principalement âgées de moins de 30 ans ou dont les enfants ont quitté le foyer, offre un aperçu de la liberté qu’elles désirent. Selon Shin, les hommes sont mécontents car, aujourd’hui, ce ne sont plus eux qui choisissent la femme, mais la femme qui fait le choix, ce qui les met en colère.

La retenue adoptée par de nombreuses Coréennes lorsqu’elles envisagent une relation amoureuse, y compris leur refus de partager leur adresse à un prétendant, témoigne d’un conflit sous-jacent croissant, et certains y voient de l’ironie, comme le fait Mme Shin. Par ailleurs, de plus en plus de femmes adhèrent au mouvement 4B – « quatre non », lancé en 2019 : refus du mariage, du flirt, des relations intimes avec les hommes et du fait d’avoir un enfant.

Traditions confucianistes :

Les moeurs dans la société sud-coréenne n’ont pas évolué à la même vitesse que la remarquable croissance économique. La crispation s’est accrue depuis la fin des années 2000, en parallèle de la prise de conscience des droits de la femme pendant les gouvernements progressistes de Kim Dae-jung (1998-2003) et Roh Moo-hyun (2003-2008). Grâce à la mobilisation des féministes, ces gouvernements ont introduit une loi contre les discriminations sexuelles en 1999 et établi un ministère pour l’égalité des sexes en 2001.

Cela a suscité l’irritation chez les hommes qui sont attachés aux traditions confucianistes qui structurent la société, mettant l’homme en position de supériorité et la femme en position d’infériorité. Leur mécontentement a commencé à être exprimé sur le forum « Ilbe » – une contraction d’Ilgang Besutu, qui signifie « le meilleur du jour ». Ce forum, créé en 2009 sans objectif politique par un dénommé Moe Myeongsu, était au début une plateforme pour des posts vulgaires.

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