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28 août 2024 7 h 09 min

« Autrichiens Orphelins de ‘Mortier’, Patron Ultrapopulaire »

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Au cœur du centre commercial, le grand podium s’est métamorphosé en un autel. En lieu et place des démonstrations de pole dance habituelles, des numéros de dressage de chiens et des concours de beauté qui font la réputation du « Lugner City » de Vienne, un grand dessin de noir et blanc du propriétaire accueille les visiteurs. Sous l’oeil languide et le sourire bienfaisant de Richard Lugner, des dizaines de chandelles épellent le nom de l’influente figure autrichienne dont le décès mi-août à 91 ans a provoqué une onde de choc de tristesse à travers la nation alpine.

« Il a joué un rôle crucial tout au long de mon enfance. Cet endroit était comme un second foyer pour moi, c’est un espace dynamique où tout le monde interagit, et il était un visage familier », raconte Celina Fedanci, une étudiante en éducation de 21 ans, qui n’a pas pu retenir ses larmes en laissant un message dans le livre de condoléances mis à la disposition des clients attristés par sa disparition. A l’instar de nombreux habitants de Vienne, ils aimaient voir la silhouette voûtée du propriétaire déambuler encore et toujours dans ce centre commercial, jusqu’à ses derniers instants. Toujours aimable, il ne refusait jamais une photo souvenir.

Richard Lugner, malgré son inconnu au-delà de son pays d’origine comptant neuf millions de personnes, était un véritable symbole national en Autriche. Karl Nehammer, le chancelier conservateur, a rendu un vibrant hommage en le décrivant comme un « élément authentiquement autrichien », soulignant ainsi une opinion partagée par tous les acteurs politiques du pays. A cette occasion, la famille Lugner a encouragé « tous les Autrichiens et au-delà » à se rassembler en la cathédrale emblématique de Saint-Etienne à Vienne, le 31 août, pour dire un dernier adieu et suivre le cortège funèbre jusqu’à son centre commercial.

Surnommé « Mortier », Lugner, qui est décédé à l’âge de 91 ans, incarnait l’esprit autrichien traditionnel, parfois humoristique, associé à une amitié sans prétention. Fils d’un avocat aux croyances nazies, décédé sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale, Lugner fonde une entreprise de construction dans les années 1960. Cependant, son succès majeur date des années 1970 lorsqu’il construit la première mosquée de Vienne, financée par l’Arabie saoudite – un fait assez ironique pour un homme qui a souvent montré son opposition à l’immigration. Un peu plus de la moitié de cet article reste à être lu – exclusivement accessible pour les abonnés.